Anvers, Églises et Tourisme
Pastorale du Tourisme, Diocèse d’Anvers (TOPA vzw)

La cathédrale Notre-Dame d’Anvers, une révélation.

La chaire de vérité

Cathédrale d’Anvers – Chaire de vérité (WS)

Jusqu’à l’époque du régime français, la simple chaire gothique d’Anthonis Wytack, datant de 1501, se trouvait dans la large allée sud de la paroisse. L’église Notre-Dame d’Anvers n’était pas seulement célèbre pour sa musique d’église : le roi Philippe II d’Espagne donna les prédicateurs de cette église en exemple aux prédicateurs d’Angleterre ! Le 20 août 1566, le pasteur réformé Moded monte en chaire pour prêcher contre “l’idolâtrie” du catholicisme et appeler à la destruction des statues. Pendant près de 250 ans, le meuble a porté les marques de sabres et de haches, cicatrices de l’iconoclasme, jusqu’à ce qu’il soit vendu par les Français en 1798. Lors de la rénovation de l’église vide en 1803, on a acquis la chaire de l’abbaye cistercienne de Hemiksem, une commune située sur l’Escaut au sud d’Anvers. Cela explique pourquoi le buste de leur fondateur, Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), lui-même un prédicateur très célèbre, orne le côté droit de la cuve. Le meuble est l’œuvre de Michiel I van der Voort (1713).

Une chaire doit avant tout être fonctionnelle. Un escalier conduit le prédicateur à l’estrade, d’où sa voix peut atteindre le public à une plus grande distance et où il peut établir un contact visuel. La balustrade de la cuve doit, surtout dans un sermon émotionnel, l’empêcher de tomber. Enfin, pour éviter que le son de la voix de l’orateur ne soit perdu dans l’espace de l’église, l’abat-voix situé au-dessus de la cuve doit diriger le son de sa voix horizontalement.

L’esthétique baroque aime donner à tout une forme naturelle et vivante. Une première conséquence en est la représentation réaliste de la nature, que l’on ressent ici dans les troncs d’arbres noueux, les brindilles souples et les feuillages succulents, ainsi que dans les plumes douces, la peau lisse et les mèches de cheveux stylisées. En outre, ce meuble monumental dissimule la structure de ses éléments structurels au profit d’un programme narratif ou décoratif. La cuve n’est pas soutenue par un pilier ordinaire, mais par quatre sculptures “vivantes”. Les colonnes de l’escalier sont en partie cachées sous des arbres à moitié coupés, tandis que la balustrade a été transformée en une vannerie de branches, de brindilles et de feuilles. L’abat-voix est soutenu par deux arbres solides. Du moins, c’est l’impression que l’on a, tant que l’on ne voit pas la barre de tension métallique fixée au mur au-dessus.

En chaire il n’y a pas que les prédicateurs qui donnent un message, mais le mobilier lui-même en porte un, grâce à son programme iconographique étonnamment riche. Par la prédication, l’Église cherche à proclamer l’Évangile de Jésus à tous les peuples. À une époque où il n’existait pratiquement aucun autre média (imprimé, radiodiffusé, numérique ou social), la chaire était un moyen extrêmement important d’atteindre le grand public.

Cathédrale d’Anvers – Chaire de vérité l’Ange à la trompette (WS)

Au-dessus de l’abat-voix, un ange descend du ciel, presque en dansant. La foi n’est pas considérée comme une connaissance qui serait simplement le résultat d’un raisonnement humain, mais comme une “ré-vélation”, littéralement : “quelque chose dont le voile doit être soulevé” afin de révéler le secret qui est couvert. C’est pourquoi, sur le pourtour de l’abat-voix, une grande toile est soulevée par des anges : la “ré-vélation”. L’ange tout en haut sonne de la trompette. Ce message ne doit pas être caché, mais doit être proclamé. C’est une tâche majeure de l’Eglise, ici du prédicateur, qui ne parle pas en son nom propre, ni ne proclame ses propres idées. Il prêche inspiré par l’Esprit de Dieu. C’est pourquoi la colombe figurative du Saint-Esprit “vole” sous l’abat-voix.

Le message chrétien concerne le Christ, “la Parole de Dieu”. Son image figure donc sur la face avant de la cuve. Il n’était pas seulement un homme aux paroles significatives, mais aussi un homme d’action, conséquent jusqu’à la mort. C’est pourquoi il y a un crucifix juste à côté du prédicateur, qui nous présente le salutaire sacrifice d’amour de Jésus.

L’évangile de Jésus est connu grâce aux quatre évangélistes, qui ont chacun écrit leur version. Chacun est représenté par son propre symbole : le taureau de Luc, l’aigle de Jean, l’ange de Matthieu et le lion de Marc.

Cathédrale d’Anvers – Chaire de vérité les personnifications (les continents) (WS)

Même si les paroles prononcées du haut de cette chaire n’ont été entendues, depuis 1713, que par les auditeurs de l’église abbatiale d’Hemiksem et, depuis 1804, par les fidèles de cette église d’Anvers, l’annonce de l’Évangile est théoriquement destinée à toute l’humanité. Après tout, l’Église a reçu le mandat de “proclamer l’Évangile à tous les peuples”, où qu’ils se trouvent dans le monde. La terre est traditionnellement représentée ici par des personnifications des quatre continents connus à l’époque : des figures féminines, puisque la terre (en latin “terra”) est féminine dans la symbolique archétypale. Notez la disposition géographique correcte : l’Europe est devant, au nord. Le symbole du pouvoir dans sa main est typique du sentiment de supériorité européen (de l’époque) : “elle brandit le sceptre”. À gauche, à l’est, se trouve l’Asie, reconnaissable aux vêtements riches et exotiques et au voile. À droite, à l’ouest, se trouve l’Amérique : une Indienne à moitié nue avec une coiffe et une jupe de grandes plumes. À la libération en 1945, un soldat américain a cru voir la princesse indienne populaire Pocahontas, une réinterprétation qu’Anvers n’a été que trop heureux d’accepter comme vraie. Malgré cette erreur, elle représente ici l’œuvre missionnaire chrétienne dans le Nouveau Monde. Au sud, une fille aux cheveux crépus et aux lèvres épaisses représente toute l’Afrique. Remarquez comment les quatre continents se tendent mutuellement la main, unis qu’ils partagent la même foi chrétienne.

Cathédrale d’Anvers – Chaire de vérité quelques oiseaux (WS)

L’appel solennel du Christ, Parcourrez la terre afin de proclamer le bon message à toute créature (Mc. 16:15) fournit l’occasion d’une écoute supplémentaire du sermon parmi les arbres, en particulier les oiseaux. Les oiseaux font partie de la faune indigène ou sont des exotiques domestiqués. Ils sont soigneusement positionnés en fonction de leur volume : les plus lourds sur les troncs épais, comme le héron (emblème de l’abbaye), le paon, le dindon, le balbuzard, le freux, le vanneau (avec crête) et le grand tétras (exterminé ici), les plus petits cachés dans le feuillage, comme l’oiseau peste et l’étourneau. Vous remarquez la petite chouette en haut de l’arbre de gauche ? Au fond de l’escalier, deux écureuils grignotent les fruits du chêne et du hêtre. Ces deux arbres font allusion à une citation par laquelle le contemplatif Saint Bernard considère la nature comme la meilleure source d’inspiration pour la sagesse biblique : “il n’avait pas d’autre maître que le chêne et le hêtre”.

[o] sur les troncs d’arbre : [1] un grand tétras (?) ∙ [2] un grand tétras (?)∙ [3] un perroquet ∙ [4] une dinde ∙ [5] un héron ∙ [6] un écureuil ∙ [7] un paon ∙ [8] un balbuzard pêcheur ∙ [9] un freux ∙ [10] un vanneau ∙ [11] un coq --- Dans le feuillage : [12] un jaseur boréal ∙ [13] un petit oiseau ∙ [14] une petite chouette ∙ [15] un étourneau (dans la balustrade)