Anvers, Églises et Tourisme
Pastorale du Tourisme, Diocèse d’Anvers (TOPA vzw)

Une clef pour l’église Saint-Jacques à Anvers.

Les chapelles des confréries et corporations

Les confréries se vouent à une certaine dévotion. Ce ‘dévouement’ à un saint devrait rapprocher les membres de Dieu, à plus forte raison lorsqu’ils sont exaucés dans un besoin précis. Certains saints font office d’exemple de vertu et de médiateur pour toutes sortes de maux. Ainsi sainte Anne qu’on invoque pour obtenir un conjoint ou pour assurer la cohésion familiale. Saint Roch représente l’attention accordée à un proche malade et est invoqué contre les maladies contagieuses, tout comme saint Antoine ermite, alors qu’on s’adresse à sainte Dymphna pour les maladies mentales. La confrérie de la Sainte-Trinité quant à elle avait été fondée pour le rachat des esclaves chrétiens captifs des musulmans. Sainte Gertrude de Nivelles et son homonyme, sainte Gertrude de Saxe, sont invoquées respectivement pour un bon voyage et pour une traversée rapide vers le ciel. Afin de mieux concrétiser leur dévotion spécifique les confréries utilisent de préférence un autel dans leur propre chapelle.

En plus, Saint-Jacques, église paroissiale, accueille quelques associations professionnelles qui n’avaient d’autel ni à l’église principale ni à la chapelle de leur propre hospice. Ainsi les scieurs de bois, les porteurs de tourbe, les artisans de la soie et de la mi-soie, les musiciens communaux et, au XVIIsiècle, les avocats y trouvent leur place. En 1751 une ‘Confrérie du Tonnerre et de l’Éclair’, réunissant tous ceux qui effectuent des réparations urgentes aux toits lors des orages, vient également s’y installer. Leur saint protecteur, saint Donat, n’obtient cependant qu’une statue mais pas d’autel. Lorsqu’au XVIIIe siècle les apprentis de quelques corporations en viennent à créer leurs propres associations pour la pratique de leur religion, indépendantes de celles de leurs ‘maîtres’, 3 d’entre elles sont accueillies à Saint-Jacques pour leurs offices religieux : les apprentis des cordonniers et des liniers à la Chapelle du Très-Saint-Sacrement et ceux des tailleurs à la Chapelle Mariale. Leurs activités ne sont que religieuses, néanmoins ces associations d’apprentis se donnent le nom de ‘corporation’ mais combiné au nom du saint patron.

Église Saint-Jacques, Anvers : Plan de sol

La plupart des autels des nefs nord et sud datent de la restauration catholique d’après les iconoclasmes : 1585-1610. Suivant le modèle d’autel courant de style maniériste il s’agit en général de triptyques de taille moyenne, qui étaient ouverts ou fermés selon l’année liturgique. La plupart d’entre eux ont cependant été transformés en élégant autel-portique de marbre lors de l’embellissement baroque de l’église au cours de la seconde moitié du XVIIsiècle. À cause des colonnes, voire des figures de cariatides, de marbre de part et d’autre, on a enlevé les volets du triptyque originel alors que le panneau central, qui était généralement rectangulaire, a vu sa forme modifiée : quelquefois on en a coupé un bout, le plus souvent on l’a agrandi de sorte qu’il est devenu semi-circulaire voire polygonal. La statue du saint patron se retrouve fréquemment au milieu du couronnement de l’autel, généralement dans une niche.

Alignés dans le collatéral sud

Saint Jean dans l’Huile par Capronnier (1876)

Portant le même nom, les deux Jean sont parfois vénérés ensemble comme ici. Ils ont chacun joué un rôle important dans la vie de Jésus, l’un comme précurseur, l’autre comme disciple. Saint Jean l’Évangéliste se retrouve dans le couronnement de l’autel, alors que son martyre légendaire dans l’huile bouillante est représenté sur le vitrail néo-gothique de J.B. Capronnier (1876).

Le retable Le baptême du Christ de Michel Coxie (1499-1592) illustre l’épithète plein de sens du saint vénéré ici. Ce moment important de la vie de saint Jean-Baptiste a sa place au sein de sa mission qui est de « rendre droit le chemin du Seigneur » (Jn. 1:23d). Jean, debout, baptise Jésus, mais le peintre parvient à le montrer agenouillé respectueusement sur une légère hauteur naturelle afin que l’honneur revienne au véritable personnage principal, Jésus. Contrairement à la sobre bure en poils de chameau, mentionnée dans l’évangile, Jean porte un élégant manteau rouge vif sur une tunique ocre brun. Le livre ouvert qu’il tient de la main gauche indique que c’est en méditant sur l’Ancien Testament qu’il a reconnu Jésus comme le Messie tant attendu.

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle Saint-Jean : Saint Jean Baptiste

Jésus, uniquement vêtu d’un tissu blanc noué autour de la taille, est debout dans l’eau, la tête humblement baissée. D’après le témoignage de Jean-Baptiste, l’Esprit de Dieu « est descendu du ciel comme une colombe et est demeuré sur Lui » (Jn. 1:32). Ceci est, en vertu d’une inspiration divine, un signe de l’identité de Jésus en tant que Fils de Dieu : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. » (Jn. 1:33).

À gauche quatre hommes juifs, curieux, observent : « des prêtres et des lévites » (Jn. 1:35-40). À l’arrière-plan se trouvent deux femmes candidates au baptême qui se déchaussent. Les deux hommes à droite sont, d’après l’évangile de Jean (Jn. 1:35-40), les deux disciples de Jean-Baptiste : André et, d’après la tradition, Jean l’Évangéliste, qui étaient témoins du baptême de Jésus et qui l’ont suivi, incités par Jean-Baptiste. La rivière le Jourdain se prête bien à la reproduction fidèle de la nature, entre autres par deux lis, deux limaces et deux papillons.

Sur l’antependium, un relief en bois, l’Enfant Jésus dort. Le petit saint Jean recommande le silence en mettant le doigt devant la bouche tout en soulevant le drap pour montrer son petit cousin Jésus. L’agneau derrière Jésus fait allusion à la désignation ultérieure de Jésus par Jean-Baptiste comme étant ‘l’Agneau de Dieu’ (Jn. 1:29b, 36b).

Sur la prédelle de marbre blanc l’affection du petit Jean pour Jésus est encore plus touchante. Ici Jésus n’est plus accompagné mais remplacé par un agnelet que le petit Jean embrasse gentiment. Vous remarquerez que de pure joie l’agneau a sauté avec ses pattes avant sur les genoux du petit Jean ! La bannière avec croix et banderole de Jésus est également une allusion à ce qui suivra plus tard, notamment sa résurrection.

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle Saint-Anne

La statue d’Andries Colyns de Nole le Jeune († 1638), dans le couronnement de l’autel (1643), nous montre trois générations de bonheur familial : la grand-mère Anne assise, la mère Marie debout, et l’Enfant Jésus couché, tendant la main vers sa mère.

Le retableLa parentèle de Marie’, autrement dit de sainte Anne est de Frans de Vriendt, mieux connu comme Frans Floris (Anvers, ca.1520-70).

La popularité médiévale de la Mère Anne et de sa postérité, qui a perduré pendant une grande partie du XVIe siècle, atteste de l’importance qu’on attachait aux rapports familiaux au sens large : la thématique religieuse illustre la vie en société. Selon la tradition médiévale sainte Anne aurait été mariée trois fois, ce qui a donné naissance à une iconographie propre, ‘la sainte parenté de sainte Anne’ qui englobe tous ses descendants et collatéraux, tous apparentés au plus important de ses petits-fils, Jésus. De chacun de ses maris, successivement Joachim, Cléophas et Salomas, sainte Anne aurait eu des enfants, dont à chaque fois une fille appelée Marie. Chacune de ses filles aurait eu à son tour des enfants, qui en plus d’être des parents de Jésus, en seraient également devenus des apôtres. En fait c’est une représentation inversée des faits : de ces quelques hommes, que Jésus avait appelés à Le suivre comme apôtres et qui ont donc une nette parenté spirituelle avec Lui, la légende a fait plus tard d’authentiques parents. C’est dire jusqu’où on allait pour concrétiser symboliquement le spirituel. Voilà pourquoi le Concile de Trente, plus critique, a interdit cette représentation dès la seconde moitié du XVIsiècle, ce qui n’a cependant pas empêché cette tradition de subsister encore un bon bout de temps, notamment à Anvers.

Anne, au beau milieu, est en compagnie de son premier et plus important mari, Joachim et de leur fille Marie, qui vient se poser sur ses genoux avec son enfant, Jésus, en train de jouer. De son deuxième mariage, avec Cléophas, est née ‘Marie Cléophas’, épouse d’Alphée. Elle est la mère des apôtres Jacques le mineur, Simon, Judas et le candidat-apôtre Joseph le Juste. De son troisième mariage, avec Salomas, est issue ‘Marie Salomé’, épouse de Zébédée, mère de Jacques le Majeur (!) et de Jean l’Évangéliste. L’une des filles, à l’avant-gauche, berce son enfant dans un petit lit à bascule, l’autre fille se tient plus à l’arrière-plan.

Quelques détails accentuent le réalisme : un hochet pour jouer, une coupe de fruits multicolores tentants et un chat à l’avant droite, ce qui est moins courant. La rue y présentée, débouche sur une porterie ouverte, dont la vue prolonge la perspective.

L’adaptation de ce tableau à l’autel-portique s’est faite par l’extension de la voûte. Les deux pseudo-cariatides sont inspirées de deux statues de saints de la chapelle mariale en l’église Saint-Charles Borromée, elles aussi de l’atelier de Colyns de Nole.

Job, l’homme pieux et misérable du livre éponyme de l’Ancien Testament, est par excellence un patron pour les maladies contagieuses, telle que la peste. À Anvers la chapelle du lazaret au Dam lui est dédiée. Sa ‘kermesse de Saint-Job’ était très réputée au XIXe et au début du XXsiècle. Ou avait-il encore plus de succès comme patron des époux de femmes au caractère difficile ? Il a été choisi comme patron des musiciens pour ses discours où il réfère aux instruments à cordes et à vent, signes tant de joie que de tristesse. « Ils chantent avec tambourins et cithares, se réjouissent au son de la flûte. » (21:12) « Ma harpe est accordée aux chants de deuil, ma flûte à la voix des pleureurs. (30:31) ». Les deux grandes familles d’instruments de musique, représentées par des violes et des flûtes, pendent à l’autel-portique tels des trophées.

Un examen effectué en 2002 a révélé une surprenante peinture murale de Job. Sa représentation est en grande partie conforme à la Bible :

  • Nu en raison de sa célèbre citation : «Nu, je suis sorti du sein maternel, nu, j’y retournerai. Yahvé a donné, Yahvé a repris (Job 1:21) ». Les reins couverts d‘un bout de tissu est une allusion au manteau qu’il avait déchiré en signe de deuil (1:20).
  • Couvert d’ulcères : «Satan frappa Job d’un ulcère malin, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. (2:7) ». Il ne gratte pas encore ces ulcères au moyen d’un tesson (2:8a).
  • Selon l’usage juif Job se couvre la tête de cendres et de poussière, s’assied dans les cendres et la poussière (2:8b) ; d’où, dans l’iconographie chrétienne, son ‘chapeau’ gris de poussière et de cendres. Par une traduction erronée, cendres est devenus ‘tas de fumier’.

 

L’autel

La guilde des musiciens, disposant déjà d’un autel dans l’ancienne chapelle vers 1500, élit domicile ici en 1519. Lors des restaurations après les iconoclasmes on place un nouveau retable, attribué à Jan I Snellinck, représentant une musique céleste. Apparemment la joie de Marie au ciel est sans limite. C’est comme si elle esquissait les premiers pas d’une danse, accompagnée et éclairée par un ballet de quatre anges tenant des cierges allumés. Un chœur d’anges entame un chant de louange, l’orchestre céleste joue. De part et d’autre un séraphin présente aux spectateurs la partition musicale très détaillée, d’un motet de Magnificat à sept voix, les invitant à chanter la louange de Dieu. À l’origine ce tableau était le panneau central d’un triptyque. Les volets, à voir dans la chapelle de Saint-Yves, représentent sainte Cécile, patronne de la musique d’église, et Marie-Madeleine. Patronne elle aussi des musiciens car selon la Leganda Aurea, ermite en Provence, rassasiée de musique céleste par un chœur d’anges, elle n’en n’avait plus faim …

En 1663 on érige l’autel-portique en marbre. Dans le couronnement, confronté à tant d’épreuves, il est assis sur son tas de fumier, les mains jointes, suppliant que le salut lui vienne du ciel.

Roch, le pèlerin de Montpellier, qui s’en va soigner les malades de la peste en Italie et qui en mourra lui-même aux environs de 1337, fut également vénéré à Anvers comme ‘saint de la peste’. La première mention d’une guilde de Saint-Roch en l’église Saint-Jacques date de 1504. Au milieu du XVIIe siècle la Confrérie de Saint-Roch connaît un nouvel essor suite aux épidémies de peste et à la translation d’une relique en provenance d’Arles. La confrérie sera recréée au milieu du XIXsiècle lors d’une épidémie du choléra.

L’Autel

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle Saint-Roch

Le retable de l’autel originel, le seul à avoir survécu aux iconoclastes, a dû céder la place à un autel-portique plus élégant au milieu du XVIIsiècle. La disposition des douze panneaux conservés sera reconstituée dans la dernière chapelle latérale sud.

Les quatre colonnes torses de l’autel-portique baroque présentent une nette similitude avec celles de l’autel du Vénérable, œuvre de Peter Verbruggen l’Ancien (1656), à l’église Saint-Paul, avec dans chaque articulation au moins un putto jouant dans les sarments. Le couronnement de l’autel est garni d’une très élégante statue en albâtre du saint patron (1660), en pèlerin doté d’un chapeau à l’épaule alors que son bourdon repose nonchalamment sur l’archivolte en dessous.

Le retable est une toile d’Érasme II Quellin, ‘Saint Roch guéri de la peste’. Roch est assis par terre, vêtu d’un manteau noir à col blanc, un bâton en mains, le regard tourné vers le ciel. La plaie à sa jambe est soignée par un ange, pendant qu’un deuxième ange l’encourage. Près de lui à l’avant-plan, le chien fidèle a déjà déposé le petit pain à terre. Son attention est attirée sur sa vocation future de saint patron par des angelots qui lui présentent dans le ciel un pot d’onguent « theriaca caelestis » (remède céleste), et un autre exhibe une grande lettre d’accompagnement disant « Eris // in // peste // patro//nus » (Tu seras un protecteur contre la peste).

Le retable ‘La tentation des ermites saint Antoine et saint Paul’, panneau de Maarten de Vos (1532-1603)

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle Saint-Antoine

Antoine d’Égypte (ca.251-356) s’était retiré assez tôt de la vie mondaine pour aller vivre en ermite dans le désert, où il restait cependant sujet à de nombreuses tentations. Le combat livré contre ces fantaisies séduisantes est représenté de préférence par des animaux fantaisistes diaboliques, qui en l’occurrence, à la Bosch, nous font penser à une œuvre semblable de Maarten de Vos (1594) qui se trouvait jadis à la cathédrale (actuellement au Musée des Beaux-Arts d’Anvers). Tant sur terre que dans les airs on voit un rassemblement hétéroclite d’animaux déguisés en humains et dont la figure et les attitudes présentent des traits humains, comme lire un livre. Ce n’est probablement pas par hasard qu’à l’avant-plan on voit un Bernard-l’hermite, le bout de la queue enroulée, alors que le cochon, attribut attitré du saint ermite, médite comme lui dans un livre imprimé. La femme séduisante, à l’allure avenante et à la peau d’une élégante blancheur, vêtue d’une robe voyante rouge, essaie de séduire d’un geste du doigt levé. À ses pieds un animal semblable au renard trahit son dessein rusé.

L’autel

Lors de la fermeture du couvent des Victorines, religieuses contemplatives, par Joseph II en 1784, l’autel de la chapelle de Jésus (de la Jezusstraat (rue de Jésus), qui lui doit son nom) fut transféré ici. Afin de faire correspondre ce grand autel-portique au retable, on cherche la solution dans une draperie sculptée, d’apparence aussi vraie que nature, complétée d’une houppe presque mobile. Le grand médaillon du couronnement reçoit une nouvelle attribution par la combinaison des lettres « TA », qui sont l’initiale d’Antoine et la lettre grecque tau « T », forme historique de la croix de Jésus, un attribut d’Antoine l’Ermite.

Si les liniers avaient un autel à la cathédrale, les artisans de la soie et de la mi-soie tenaient à faire preuve d’indépendance grâce à leur autel dans cette chapelle, dédiée à la Présentation de la Sainte-Vierge. Les objets qui se trouvent actuellement à Saint-Jacques et qui ont rapport à saint Sévère, n’ont rien à voir avec le travail de la soie. Les deux volets de la chapelle mariale sont originaires de l’autel de la corporation des liniers à la cathédrale. La tombe à relique en bois doré réfère aux apprentis ou domestiques des liniers qui célébraient leurs offices à la Chapelle du Vénérable au XVIIIsiècle.

Étonnamment, en 1804, tout juste après le Régime Révolutionnaire Français, l’autel originel en bois des artisans de la soie et de la mi-soie, datant de 1595, a été vendu au Marché du Vendredi à l’initiative de la Fabrique d’église, tout comme l’autel de la chapelle de Sainte-Gertrude, situé en face. Heureusement le triptyque ‘La Présentation de Marie au temple’ est conservé à l’église.

L’autel

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle Saint-Georges

Un demi-siècle plus tard, en 1867, l’espace vacant est comblé grâce à un double don. Tout d’abord on obtient l’ancien autel de Saint-Sébastien de la Jeune Guilde des Archers, qui venait de la cathédrale, sculpté par Robert et Hans Colyns de Nole. Les superbes reliefs en albâtre de la prédelle montrent l’équipement de la guilde des archers : carquois et arc, gants et protège bras. L’installation de cet autel avec des attributs guerriers est l’occasion de changer le nom de cette chapelle et de réhabiliter le saint patron de la chapelle voisine : saint Georges. Aux environs de 1867 celui-ci, auréolé d’anges qui l’entourent, est ajouté au couronnement de l’autel par J.B. de Vos.

Le tableau ‘Saint Georges combattant le dragon’ est dû à la générosité de la même donatrice. Ce n’est pas une raison de vouloir confirmer son geste exemplaire en l’attribuant, à tort, à une célébrité telle qu’Antoine van Dyck. Remarquez la façon dangereuse dont la queue du monstre s’est enroulée autour d’une jambe du cheval.

En face de cette chapelle se trouvent la sépulture et l’épitaphe de l’artiste-peintre Hendrik van Balen l’Ancien (± 1575-1632) et de son épouse Margareta Briers (1638), jadis paroissiens de cette église, ayant habité à la Lange Nieuwstraat. Le tableau de Van Balen lui-même ‘La résurrection du Christ’ illustre son espoir en tant que chrétien de participer un jour à la gloire de Jésus. La bannière rouge symbolise la victoire de Jésus sur le péché et la mort corporelle.

Ceux-ci sont décrits plus concrètement dans une page séparée que vous pouvez trouver ICI.

Alignés dans le collatéral nord

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle de la Sainte-Croix

Cette chapelle porte également le nom de chapelle Robyns d’après Joos Robyns, drossard de Borgerhout, à qui on doit le réaménagement fastueux de la chapelle de la Sainte-Croix après les iconoclasmes.

Le retable ‘l’empereur Constantin le Grand vénère la Sainte Croix, trouvée par sainte Hélène’, (Wenceslas Coeberger, 1605).

L’impératrice Hélène montre à son fils Constantin la croix de Jésus qu’elle aurait retrouvée selon la tradition. L’empereur suivi de ses soldats reçoit la couronne de lauriers en signe de sa victoire. La banderole quant à elle fait allusion à une autre légende selon laquelle la victoire militaire de Constantin avait été prédite à condition de faire apposer le signe de la croix de Jésus sur les boucliers : « hoc signo XP victor eris » (par ce signe tu vaincras). Le signe en question est le monogramme grec du Christ, composé des lettres majuscules X (chi) et P (rho).

Les citoyens qui profitent de cette victoire se trouvent de l’autre côté de la croix. Parmi eux le portrait de deux personnes en tenue d’époque contemporaine du peintre : les commanditaires Joos Robyns et son épouse Elisabeth van Dornhoven, avec une élégante fraise en dentelles.

Dans le couronnement de l’autel on voit encore une grande croix, signe triomphant de la foi chrétienne. Les anges qui l’entourent, avec un calice (disparu) et une lance, font allusion au sang de Jésus, qui après sa mort avait coulé de son flanc transpercé et qui selon la légende avait été recueilli dans le calice, le prétendu Saint Graal, qui avait déjà servi de récipient lors de la Dernière Cène pour y recueillir le vin eucharistique, le ‘sang du Christ’.

L’antependium présente un relief en trompe-l’œil avec le texte « O crux, ave spe(s) unica » (Salut ô Croix, unique espérance).

Les porteurs de tourbe, dont la guilde louait une maison au Torfbrug (Pont aux tourbes) où on déchargeait la tourbe, et ensuite au Suikerrui (Canal au sucre), possédaient un autel à Saint-Jacques depuis 1520. N’y avait-il plus de place pour eux à l’église Notre-Dame archicomble ?

L’autel

Église Saint-Jacques, Anvers : Chapelle Saint-Christophe

Cet autel en bois de 1606 est, avec celui des Rois Mages, le plus ancien qui soit conservé en cette église. Il est encore toujours orné d’un triptyque couronné d’une corniche horizontale sur laquelle trônent les statues en bois des trois saints patrons :

  • au centre ‘Saint Christophe’, l’Enfant Jésus sur les épaules et s’appuyant sur un bâton géant. Par analogie à la lourde charge que saint Christophe avait dû transporter sur l’autre rive, les porteurs de tourbe le choisirent comme patron, même après 1800 lorsqu’ils se convertirent en porteurs de charbon. Le nombre de membres de la corporation était fixé à 27, mais la 28ième part des revenus était réservée à l’entretien de leur autel de Saint-Christophe ici. Voilà pourquoi ils parlaient de « 28 membres, y compris saint Christophe ».
  • Saint Matthieu, de profession receveur des contributions, est le second patron des porteurs de tourbe car bénéficiant du statut de ‘mesureurs jurés (de charbon)’ du fait qu’ils encaissaient le cens. Le livre et la plume réfèrent à sa vocation ultérieure d’évangéliste.
  • Saint Hubert (iconographiquement à gauche) occupe la troisième place. Son patronat se rapporte probablement à une autre confrérie qui utilisait également cet autel.

Le triptyque ‘La Sainte Trinité adorée par des anges et des saints’ d’Ambroise Francken l’Ancien réserve sur les volets quelque attention aux deux saints patrons en les montrant au moment crucial de leur conversion spirituelle.

  • volet intérieur gauche : ‘la vocation de l’apôtre saint Matthieu’, qui s’appelait encore Levi. En bon douanier on le voit très affairé derrière son guichet.
  • volet intérieur droit : ‘la conversion de saint Hubert’, en bonne compagnie de deux chiens.

Les petits panneaux de la prédelle, également d’Ambroise Francken l’Ancien, nous montrent des portraits, probablement, le chapelain et les doyens de la corporation.

Qui veut donner quelques sous pour cet autel peut les déposer dans le tronc fixé à la clôture et doté d’une jolie rime, dont la traduction revient à peu près à ceci :

« Faites généreusement votre charité, mes amis,
c’est pour la réparation de l’autel de Saint-Hubert ».

Le superbe vitrail ‘La Dernière Cène’ (1538) fait partie de la série de vitraux ‘les Sept Sacrements’ du côté nord, ici l’Eucharistie.

L’épitaphe du jeune chartreux

Église Saint-Jacques, Anvers :chapelle Saint-Christophe: moine chartreux

Le 17 janvier 1707 le jeune Jan-Anton van Wonsel décède au couvent des chartreux à Anvers, Sint-Rochusstraat (rue Saint-Roch), après à peine neuf mois de noviciat. En 1712, à la demande de sa mère, le sculpteur Jan-Claude de Cock a fidèlement rendu les traits du visage du moinillon agenouillé à l’aide de son masque funéraire. Le jeune moine ascétique, mais souriant béatement, baisse la tête en méditant, les mains humblement posées sur la poitrine. Ce qu’il avait envisagé pendant sa courte vie sur terre s’est réalisé pour l’éternité : contempler Dieu.

Après la suppression du couvent contemplatif par Joseph II en 1783 le monument se retrouve dans sa famille, qui en fait don à Saint-Jacques en 1843. À cette occasion on y ajoute une (vraie !) tête de mort comme objet de contemplation. Sa présentation frontale incite le visiteur avec insistance à réfléchir au ‘memento mori’ (Souviens-toi que tu mourras) ! Même si cette tête de mort est l’attribut habituel du fondateur de l’ordre saint Bruno et que le parallélisme avec le crâne rasé du moinillon ascétique soit remarquable, cela perturbe la représentation originelle de sa contemplation de Dieu, qui au début était d’ailleurs encore accentuée par sa disposition face à l’autel.

Cet oratoire est dédié à la martyre irlandaise de sang royal, Dymphna (VIIe siècle). Une série de six tableaux anonymes du XVIIe siècle, dans la grande sacristie, raconte l’histoire de sa vie. À l’origine les saints Pierre et Paul étaient également vénérés en cette chapelle jusqu’à ce qu’ils reçoivent leur propre chapelle dans le déambulatoire au milieu du XVIIsiècle. La famille Rockox qui est inhumée ici, a fait faire son portrait en tant que commanditaire sur le retable originel de l’autel, qui pend actuellement au mur occidental (voir ci-dessous). Le célèbre bourgmestre Nicolas Rockox et son épouse ont préféré se faire enterrer chez les Récollets.

L’autel

Cet autel latéral est le seul à Saint-Jacques à avoir été adapté au XVIIIsiècle, à l’instar du maître-autel, à la nouvelle mode baroque de sculpture théâtrale. C’est ainsi l’unique autel latéral sans tableau. Par économie, l’adaptation s’est limitée à un simple meuble en bois marbré entourant une statue de qualité moyenne due à Willem Slavon (1744).

Tout comme au maître-autel la victoire céleste retient davantage l’attention que le martyre héroïque qui l’a précédé. Pour ‘la Glorification de sainte Dymphna’, des angelots lui présentent du ciel une palme et une couronne de lauriers. Tous deux sont accompagnés par deux autres anges dont le long (et véritable !) pagne déborde de la corniche.

Le vitrail ‘l’ordination sacerdotale’

Ce vitrail est une reconstruction plus que sobre de Crespin et Calders d’après la deuxième guerre mondiale. Sous la surveillance de ses fiers parents, un jeune homme est ordonné prêtre par un évêque. Le texte du cartouche au bas du vitrail proclame : » tu / es // sacerdos // in // eternum » (tu es prêtre pour l’éternité) (Ps. 110:4).

L’autre sacrement relatif à un choix de vie, le mariage, se trouve tout juste en face, dans le bas-côté sud.

La Famille Rockox            

Église Saint-Jacques, Anvers : chapelle Saint-Dymphna : retable du “Jugement Dernier’ (Jan Sanders (1504-1555)

Les portraits des commanditaires se trouvent sur les volets de l’ancien triptyque de l’autel ‘Le Jugement Dernier’, de Jan Sanders (1504-1555). Sur le volet gauche (iconographiquement à droite) se trouve l’époux, Adrien I Rockox (1460-1540) avec ses fils, dont Adrien II, le père du célèbre bourgmestre Nicolas Rockox, ami et mécène de P.P. Rubens.

La pierre tombale d’Adrien III Rockox (†1638), chanoine de la cathédrale d’Anvers, provient de l’ancienne église des Récollets, où avait également été inhumé son frère connu et plus âgé, le bourgmestre Nicolas.

Église Saint-Jacques, Anvers : chapelle des Rois Mages : emblème des scieurs de bois

Si les marchands de bois avaient leur autel dans l’église Notre-Dame, la corporation plus petite des scieurs de bois, trouva refuge en la nouvelle église paroissiale de Saint-Jacques. Au XVIIIsiècle il y avait à Anvers 19 scieurs de bois officiels.

Avec la fierté requise, les artisans exhibent sur le médaillon au milieu de l’antependium, leur instrument par excellence, la grande scie.

L’autel

L’autel en bois de 1606 est avec celui de saint Hubert, le plus ancien de l’église. Grâce à l’ingénieux système de grandes charnières on a réussi à créer une combinaison recherchée de du triptyque traditionnel et des colonnes de portique plus élégantes. Tous les panneaux de l’autel sont attribués à Hendrik van Balen l’Ancien : tant les panneaux intérieurs polychromes que les panneaux extérieurs et la prédelle en grisaille.

Les panneaux extérieurs nous présentent le saint patron le plus important, Joseph avec sa scie, et son épouse Marie. Tous deux sont représentés comme des statues de pierre blanche en trompe-l’œil sur un fond simple et uni de couleur bordeaux. Pour en augmenter l’effet réaliste Van Balen a donné l’impression que le socle a subi quelques dégâts.

Église Saint-Jacques, Anvers : chapelle des Rois Mages

La scène principale est cependant ‘L’Adoration des Mages’. Jusqu’au Régime Révolutionnaire Français ce même thème était représenté dans le couronnement de l’autel par les statues des trois Mages tournées vers la niche centrale de Marie avec l’Enfant. Depuis le XVIIIsiècle plus personne ne comprend pourquoi ces trois Rois apparaissent sur l’autel des scieurs de bois pas très riches. Anvers ne serait plus Anvers sans son humour… Au XVIIIsiècle on a suggéré une réponse basée sur un jeu de mots intraduisible : le mot ‘zagen’, qui veut tant dire ‘(ils) virent/voyaient’ que ‘(ils) scient’. Or il est dit que « les Rois mages virent l’étoile en Orient ». Il se pourrait que la dévotion aux Rois mages, jadis liée à un autel adossé à l’ancien jubé de chœur, ait été transférée ici lors du remplacement de ce jubé par l’actuel en 1660.

De toute façon le père nourricier de Jésus, saint Joseph, figure sur tous les panneaux de l’autel représentant une scène de son Enfance. Le panneau central est encadré par l’Annonce faite à Marie et de La Visitation à Élisabeth alors que les panneaux de la prédelle, toujours visibles, représentent deux autres scènes de la vie de Joseph : la Nativité et la Fuite en Égypte.

Les portraits de Jean-Baptiste Doncker (1591) et de son épouse Madeleine Hockart (1611) constituaient à l’origine les volets d’un triptyque. On a comblé l’espace vacant par la devise en jeu de mot de Doncker (=obscurité) « Na het donker hoop ik op licht », qui veut dire « après l’obscurité j’espère la lumière » (Post tenebras, spero lucem).

Église Saint-Jacques, Anvers: chapelle du Doux Nom de Jésus

Retable ‘L’adoration du Saint Nom de Jésus’, Marten de Vos.

Le nom de Jésus est représenté par le monogramme du Christ « IHS » (Jesus Hominum Salvator ; Jésus, sauveur des hommes). Toutes sortes de catégories de saints s’y bousculent : iconographiquement à droite les autorités religieuses et à gauche les autorités civiles, chacune représentée hiérarchiquement avec son chef suprême, le pape et l’empereur, au milieu. Le nom de Jésus, le Messie résonne ‘doucement’ dans les oreilles des fidèles, d’où le nom de cette chapelle.

Le vitrail ‘La Circoncision de Jésus’, anonyme (1677), restauré après la guerre 1940-’45.

C’est lors de la circoncision, le huitième jour après sa naissance, que le garçon juif reçoit son nom. Ce fut aussi le cas pour Jésus, ce qui est commémoré au calendrier liturgique une semaine après Noël, le premier janvier. Comme ce rituel juif de donner un nom est parallèle au baptême chrétien, ce vitrail représente le premier de la série des sept sacrements. Comme Jésus perd du sang pour la première fois à la circoncision, ce qui est perçu comme une préfiguration de sa Passion et de sa mort, Jean-Baptiste Capronnier a ajouté les armes de la Passion lors de la restauration de 1854.

Épitaphe de Cornelis II Lantschot (1572 – Anvers 1656) par Sebastiaan van den Eynde (1660) avec son portrait par Abraham van Diepenbeeck.

Église Saint-Jacques, Anvers : Épitaphe pour Cornelis Landschot. Les deux derniers vers attirent la curiosité de tous: “Le ciel se gagne par la force, ou il s’achète par la force de l’argent”

À son retour d’Arras le marchand Cornelis II Lantschot se fit banquier à Anvers. Il ne s’est probablement jamais marié. D’inspiration profondément religieuse il ne semble guère avoir besoin d’étaler sa fortune colossale. Il vit très sobrement, n’a pas besoin d’un domicile privé mais habite chez un couple ami au Meir, les époux Roose-Fredericx van der Bouchorst, dont l’épitaphe orne le mur méridional du chœur. En revanche il investit d’autant plus dans la construction d’églises et l’assistance aux pauvres. Tout ce qu’il laisse à sa mort il le destine par testament à la Chambre des Pauvres d’Anvers, qui l’utilise pour la transformation d’un bien au Falconrui afin d’en faire un hospice pour douze hommes handicapés âgés. Pour ses funérailles il ne désire qu’une messe basse sans pompes, et souhaite être enterré dans le caveau de ses parents en cette chapelle avec uniquement une mention toute simple sur la pierre tombale.

Il n’attribue pas moins de 24.000 florins, un capital énorme, à la chapelle pour permettre d’acheter du pain de seigle et de froment pour les pauvres. Aujourd’hui encore on peut lire le nom du généreux donateur sur la façade de la chapelle de l’hospice. Bien que cela aille manifestement à l’encontre de la modestie de Lantschot, les aumôniers ont tenu à lui rendre un hommage posthume pour tant de générosité de manière ‘monumentale’ par cet épitaphe. L’éloge en vers célèbre sa générosité et il y est symboliquement écartelé.

Traduction du texte sur l’épitaphe :

Cornelis Lantschot qui repose ici,
a par sa vertu relevé l’homme,
avec argent et biens, chapelle, et église :
et laissa aux pauvres, par cette œuvre,
des centaines de milliers à cet effet ;
au point de fatiguer la mansuétude.
car chacun voulait sa part,
il est mort ce grand homme :
au monde sa gloire : la terre garda le corps :
aux pauvres l’argent : et à Dieu son âme.

après quoi deux curieux vers attirent l’attention de chacun :

« on gagne le ciel avec fracas,
ou il s’achète avec la puissance de l’argent. »

Le dernier vers constituant un monogramme, repris en clair par la date placée en-dessous.

C’est à tort qu’on interprète ‘fracas’ comme étant de ‘l’agression’. En réalité il faut l’interpréter selon son sens originel de ‘force, puissance, intensité’, tout comme l’adjectif ‘terrible’ non pas dans le sens de ‘faisant peur’ mais bien de ‘formidable’. Jésus lui-même témoigne (voir Mt. 11:12) que celui qui s’y sera engagé avec un zèle et une peine admirables entrera au Royaume des Cieux, et parmi ceux-là il y aura, selon lui, certainement des publicains et des femmes infidèles (Math. 21:31-32).

‘Qui s’achète avec l’argent’ est à interpréter comme le soutien financier aux bonnes œuvres, qu’elles aient ou non obtenu l’approbation de l’Église qui consiste en l’octroi d’indulgences.

En 1503 la chapelle est consacrée à sainte Gertrude (†659 à l’âge de 33 ans). Cette fille de Pépin de Landen l’Ancien était supérieure de l’abbaye de Nivelles, qui des siècles plus tard, sera incorporée dans l’ordre des cisterciennes. Comme Gertrude de Nivelles est connue pour son dévouement aux voyageurs, elle en devient rapidement la patronne. Au Moyen-âge elle devient ainsi populaire comme sainte protectrice des fidèles lors de leur voyage pour l’éternité.

Par ses visions mystiques, une sœur cistercienne Gertrude, davantage protectrice des âmes du purgatoire, est l’abbesse de Helfta, dite ‘de Saxe’ (1256-ca.1302). L’idée du purgatoire connaissant un grand essor à l’époque baroque, on créa suite à la dévotion à Gertrude de Nivelles, une confrérie de ‘Sainte-Gertrude de Saxe’, en témoigne sa statue due à J.B. de Vos (1867). Elle tend la main droite vers le ciel en suppliant d’obtenir grâce pour les âmes des fidèles au purgatoire. Le socle est peint comme un cachot de briques avec d’authentiques barreaux métalliques devant la fenêtre. Deux âmes sont emprisonnées dans les flammes du purgatoire. Une femme hurle, priant les mains jointes ; un homme, fou de douleurs, les bras largement ouverts à travers les barreaux, crie à l’aide.

Le ‘purgatoire’ est vu comme une phase transitoire, une étape intermédiaire, entre le passé terrestre et l’avenir céleste, parce qu’on pense que bien des gens, arrivés à la fin de leur vie, ne sont pas vraiment capables de faire un choix décisif entre le bien (Dieu) et le mal (Satan). Leur destination finale n’est donc pas encore certaine : le choix définitif doit encore mûrir. Cette méditation purificatrice requiert un certain temps et de la patience. C’est pénible, surtout sachant que pour d’autres la fête (céleste) a déjà commencé.

Les colonnettes en cuivre de la clôture aux initiales ‘G.P.’ du fondeur Guilielmus Pluymaeckers (1625-27) portent les noms et les armoiries de leurs donateurs. À gauche de l’entrée celles de la famille Rubens, à droite celles de Cornelis Lantschot.

Le vitrail ‘La vie de saint Pierre’

En remplacement du vitrail détruit à la fin de la seconde guerre mondiale ; signé au bas : « M. Hizette » (1965).

Monument funéraire de Don Francesco Marcos del Pico.

Incroyable mais vrai : l’autel de 1595 a été vendu au Marché du Vendredi en 1804 à l’initiative de la Fabrique d’Église !

Église Saint-jacques, Anvers : chapelle Sainte-Gertrude : monument funéraire de Don Francesco Marcos del Pico, anonyme, gravure dans Simons, Adam, in “Over ‘t Kasteel van Antwerpen”, Utrecht, 1831

Au milieu du XIXsiècle ce vide est comblé en y accueillant le monument du marquis de Velasco, provenant de l’ancienne église Saint-Philippe de la citadelle du Sud. Le monument en mauvais état est restauré, en partie aux frais d’un parent, et est inauguré en 1857. Cet Espagnol, fier de son ascendance, avait lui-même bien réussi en devenant gouverneur de la citadelle d’Anvers. Il avait fait ériger sa propre chapelle funéraire en l’église Saint-Philippe. Ce monument funéraire théâtral de Peter Scheemaeckers y perpétua sa mémoire après son décès en 1693. Le bozzetto en terre cuite du marquis est conservé aux musées communaux.

Voyez-le en train de défaillir, ce marquis richement vêtu avec sa perruque à la Louis XIV et ses manches de dentelles qui prêtent un aspect mondain à son armure martiale. Le bâton de maréchal qu’il tient en mains ne lui sera plus d’aucune utilité. De la main gauche levée il tente encore d’écarter le Temps. Celui-ci lève sans pitié son attribut le sablier, comme une menace : ‘ton heure est venue, marquis, ni ta réputation de vaillant commandant, ni ton armement tel que lances et piques, ni même tes canons et tes tambours avec leurs roulements guerriers, ne peuvent quoi que ce soit contre mon fidèle compagnon la Mort.’ De l’autre côté, de derrière une tenture à la tête du marquis, surgit en ricanant la Grande Faucheuse, on peut même dire en claquant des dents.

Le sarcophage est veiné de rouge, les personnages sont blancs, tandis que les tentures noires sont ourlées d’une bande de couleur or. Tant la combinaison de marbres et de couleurs, que la composition théâtrale avec ses lourdes draperies, se situent dans la ligne de Gian Lorenzo Bernini et ses grandioses monuments funéraires pontificaux à la Basilique Saint-Pierre à Rome.