Anvers, Églises et Tourisme
Pastorale du Tourisme, Diocèse d’Anvers (TOPA vzw)

Une clef pour l’église Saint-Jacques à Anvers.

Architecture: gothique et symbolique

En style: gothique rayonnant brabançon

Né en Île-de-France le gothique évolue, au cours du XIIe siècle, vers divers styles régionaux. Si le Comté de Flandres connaissait le gothique scaldien, au duché du Brabant, et à Anvers en particulier, on appliquait le gothique brabançon pour la construction des églises. Le matériau de construction se trouvait sur place, à savoir le grès de Lede. Moyennant quelques variantes, ce style se retrouve dans la plupart des grandes églises d’Anvers, Malines, Lierre, Louvain, Bois-le-Duc, etc. …

Les caractéristiques du gothique brabançon tel qu’appliqué à l’église Saint-Jacques, sont les suivantes :

  • Un plan avec déambulatoire, entouré de (au maximum) 7 chapelles rayonnantes. À Saint-Jacques seules trois des cinq chapelles initialement prévues ont été réalisées.
  • Une seule tour occidentale imposante au milieu de la façade, comme souvent dans l’ensemble des Pays-Bas. La première travée de la nef est généralement entièrement insérée dans le soubassement de la tour. Ainsi les grands orgues de Saint-Jacques ont été intégrées ‘dans’ la tour, à l’extrémité du vaisseau. À l’angle sud-ouest on remarque l’escalier de la tour.
  • Une architecture extérieure très sobreDu fait qu’à partir du XVIe siècle, les églises sont pratiquement entièrement entourées de petites maisons, seuls les trois portails sont visibles de l’extérieur. Cette implantation a indubitablement contribué à la sobriété des façades latérales. La seule décoration de l’extérieur de Saint-Jacques consiste en des motifs de vessies de poissons dans les meneaux des fenêtres.
  • Des galeries avec parapets, en continu ou compartimentées, devant le clair étage : en fait une sorte d’altération du triforium originel.
  • Les écoinçons des arcades, comblés de tracés de mur aveugle.
  • Des colonnes sur socles octogonaux. Ces colonnes sont parfois cylindriques, comme ici à Saint-Jacques, et couronnées d’un chapiteau avec motif de feuilles de choux. Leur effet est moins élancé que celui des piliers fasciculés sans chapiteau.
  • Un plus grand compartimentage des vitraux en cinq lancettes, voire davantage.
  • Du fait qu’il ne subsiste que très peu de surface murale le résultat est particulièrement élégant, surtout parce que les proportions sont si équilibrées : l’arcade inférieure occupe autant de place que le clair étage, la balustrade de la galerie faisant office de séparation.
  • Pour les voûtes et les murs intérieurs on a utilisé des briques, alors que les parements extérieurs et les parties constructives sont en grès, en l’occurrence de grès de Lede.

Codifiée : La symbolique catholique

Dans le portail de la Sint-Jacobsstraat un comité d’accueil de saints est prêt à vous introduire dans la Jérusalem céleste. En effet, celui qui pénètre dans Saint-Jacques par l’entrée principale est subjugué par la grandeur de son intérieur et peut sans peine avoir un avant-goût de la beauté et de la gloire du ciel.

Jadis l’effet produit par ce vaste espace a bien davantage impressionné ceux qui vivaient dans des maisonnettes au pied de la tour ou dans une ville médiévale telle qu’Anvers, avec sa population dense et ses rues et impasses étroites et sinueuses. Les seuls grands espaces étaient les églises et cette église majestueuse était pour l’époque un espace immense.

Bien que la superficie bâtie ait avant tout une fonction pratique permettant l’accueil de nombreuses chapelles (et fidèles), cet effet spatial a aussi une signification profondément religieuse. En effet, une église est plus que ‘un toit au-dessus de quelques têtes’, elle est tout symbolisme. Ici on ne se retrouve pas seulement dans un autre espace mais également dans une autre dimension. Ici on est reçu :

dans ce qui nous surpasse,
dans l’Harmonie, le Beau, le Parfait,
dans l’Éternité,
chez… Dieu.

Ce sentiment d’infinité se prête à faire ressentir la majesté et la transcendance de Dieu. L’église Saint-Jacques est avant tout prévue pour être la maison de Dieu, où tout le monde est le bienvenu … Ce sentiment d’étendue est créé par les éléments spatiaux suivants :

  • Tout d’abord il y a la hauteur qui atteint 26,50 m.

Malgré les difficultés rencontrées durant les phases de la construction, on ne s’est jamais écarté des ‘idéaux élevés’, y compris une voûte de 26 m de haut. Que d’une part les constructeurs se soient rendu la vie si compliquée, mais que d’autre part ils aient toujours persévéré à y travailler, n’en finit pas d’étonner les réalistes que nous sommes aujourd’hui.

La clef de cette énigme est écrite dans les étoiles. « Elles (nous) observent tendrement » selon la version néerlandaise du Cantique des patrouilles, chanté le soir au camp, alors qu’ici elles nous observent toute l’année. Elles représentent le firmament, lui-même un symbole de l’infinité de Dieu à qui nous aspirons. Cependant nous ne pouvons prendre ou saisir Dieu avec nos mains, ni davantage le com-prendre ou le saisir avec notre esprit.

  • La largeur de l’espace : la nef est composée d’une nef principale, de deux bas-côtés et de deux rangées de chapelles latérales, le transept ayant une largeur totale d’exactement 55,25 m.
  • Dans l’architecture tridimensionnelle il y a enfin la longueur ou profondeur ; en l’occurrence presque 100 m, 98,25 m pour être précis.
  • Les contours de l’église contribuent également à l’effet d’espace.

Dans votre living vous en voyez le contour réduit, formé par quatre murs qui vous entourent. En revanche dans une église gothique de quelque 3500 m2 vous avez une toute autre perception de l’espace (pour autant d’ailleurs qu’on arrive à en voir les limites).

a) la forme d’une croix latine,
b) la subdivision en :
– une nef centrale, bas-côtés et transepts,
– un chœur et un déambulatoire,
– des chapelles latérales, rayonnantes et celles du déambulatoire,
c) d’innombrables (soit 73) colonnes et piliers empêchent d’en avoir une vue d’ensemble.
→ Ainsi d’aucun point on ne peut voir l’ensemble des contours, créant une impression d’infinité.

Le summum de cette impression d’espace gothique est que tout aussi réduit qu’il soit, il se prolonge dans la lumière (infinie) colorée des vitraux.

→ C’est ainsi qu’on obtient un espace mystique : de la vraie architecture ‘religieuse’.

Si l’impression d’infini de cette église gothique veut nous faire comprendre que Dieu, le Créateur ‘infini’ de toute vie, se laisse découvrir au travers des merveilles de la nature, l’orientation de l’église indique que Dieu s’est le plus rapproché des hommes en Son Fils Jésus.

Par son sacrifice d’Amour en mourant sur la Croix, Jésus a vaincu le (cercle vicieux du) mal, en plus par sa résurrection Il a prouvé que la mort n’a pas le dernier mot. C’est pourquoi Il est le ‘Sauveur du monde’ pour les chrétiens. Dès lors il est, déjà dans la Bible (Jn 1:5), la ‘Lumière du monde’.

C’est pour cela que presque toutes les églises médiévales sont orientées ; c.-à-d. que l’église, son maître-autel et autels latéraux est dirigée vers l’Est où se lève le soleil ; en latin ‘sol oriens’, d’où ‘Orient’. Tel que le soleil donne la lumière au jour naissant et que sa lumière et sa chaleur permet à toute chose de croître et de fleurir, ainsi Jésus donne la vraie vie aux hommes. Voilà pourquoi les chrétiens aiment se tourner vers Lui, ce qui se fait, littéralement, de façon symbolique dans nos églises : les fidèles, en particulier les chanoines, dirigent leurs prières pendant les offices et au cours de la messe (matinale) vers le soleil levant en Orient. Ici, ‘en la maison de Dieu’, on peut sentir que Jésus est le rayon de soleil : d’où un demi-cercle de vitraux (prévus, colorés) dans le chœur à l’est. Bien qu’elle n’ait été réalisée qu’en période baroque, la chapelle la plus orientale d’où la lumière surgit le matin, soit la chapelle funéraire de Rubens, est dédiée à Marie dont est né le Christ.

Aussi, dans cette église, vous montez

de l’OUEST vers l’EST 
de l’obscurité vers la lumière
de la mort vers la vie
de l’homme vers Dieu.

Au départ de ses activités limitées et terre à terre à Anvers, l’homme progresse vers la vie éternelle, et, espère-t-il, vers la ‘Jérusalem céleste’.

En libérant l’homme du mal et de la mort par son sacrifice d’Amour allant jusqu’à sa mort sur la croix, le Christ est la ‘pierre angulaire’ de la vie des chrétiens croyants et de toute la communauté d’église. De là le plan en forme de la croix de Jésus des églises romanes et gothiques. Le transept représente la traverse de la croix. Ce plan de sol montre la signature chrétienne de cette maison de Dieu, ce qui est plus aisé à voir sur les photos aériennes grâce à l’émergence des toits du chœur, de la nef principale et du transept.

Si la communauté d’église forme d’après saint Paul (1 Cor. 12:27) « le corps mystique du Christ », il met l’accent sur le fait que le Christ en est la tête (Col. 1:18). Voilà pourquoi le clergé qui est à la tête de l’Église siège devant dans le chœur pour la liturgie des heures ou les Offices. Étant la partie principale de l’église, le chœur représente la tête du Christ crucifié. Son autel est l’autel principal ou ‘maître-autel’.

Jésus, Fils de Dieu, resplendissant plus que tout autre de la lumière de l’amour et de la sagesse de Dieu, reçoit, comme les saints, une auréole autour de la tête ; Il en est de même en architecture avec le plan en croix de l’église. Chaque chapelle (pourvue de vitraux) autour de l’abside forme un rayon de lumière ; ces ‘chapelles rayonnantes’ forment ensemble une auréole autour de la tête du Christ. Par contre, les chapelles le long du déambulatoire sont appelées ‘chapelles latérales du chœur’.

La Chapelle Mariale la plus importante se trouve au nord. En effet, lorsque Jésus mourut sur la croix, Sa mère Lui resta fidèle jusqu’à son dernier soupir. En histoire de l’art, se souvenant d’un des dix commandements « tes père et mère honoreras », on accorde la place d’honneur à Marie près de la Croix. Dans la culture occidentale c’est à la droite du Christ, ce qui correspond au nord sur le plan de sol d’une église médiévale.

ORIENT
LUMIÈRE – VIE
DIEU
LA JÉRUSALEM CÉLESTE

OCCIDENT
OBSCURITÉ – MORT
HOMME
L’ANVERS TERRESTRE

Une symbolique plus figurative s’inspire de l’architecture même d’une église gothique dont le vaisseau est généralement porté par une douzaine de piliers. Dans sa lettre aux Galates (2:9), saint Paul appelle les douze apôtres ‘les piliers de l’Église’ ; leur symbolique architecturale est encore bien plus explicite dans le livre de l’Apocalypse (21:14) où le mur de la Jérusalem céleste est soutenu par douze piliers, entre lesquels les noms des apôtres.

À l’apogée du baroque les statues médiévales des apôtres sur les piliers évoluent vers une série monumentale de statues de haute plasticité. Pour pouvoir financer ces précieux ensembles artistiques chaque statue d’apôtre est attribuée comme couronnement à l’épitaphe de citoyens aisés. Imbus d’eux-mêmes jusqu’après leur décès, ils s’empressent d’utiliser ces socles grandioses pour y placer leur épitaphe. C’est d’autant plus étonnant que, contrairement à bien d’autres églises paroissiales et conventuelles d’Anvers, à Saint-Jacques, où tant de citoyens aisés se sont fait immortaliser par un épitaphe, cette série s’est limitée aux deux premiers apôtres de la nef principale. Il s’agit bien des principaux : saint Pierre et saint Paul, qui occupent d’ailleurs les meilleures places sur les deux piliers de la croisée. Saint Pierre, le premier dans l’ordre de préséance, se trouve toujours à la place d’honneur, c.à.d. à droite par rapport au plan en forme de croix. Il n’empêche que ce n’est pas lui mais bien saint Paul qui sera réalisé le premier par André I Colyns de Nole en 1639, à la demande de Cornelis Lantschot (→ p.83) en l’honneur de ses parents. Saint Pierre, œuvre de Peter Verbruggen, ne suivra qu’en 1660 en mémoire du père d’une célèbre génération de fondeurs de cloches, Melchior I de Haze.

Plus tard, vers 1721-23, une délégation un peu plus importante des quatre apôtres principaux apparaît comme ‘gardiens’ de part et d’autre des entrées du déambulatoire. Ces statues-ci couronnent également un monument commémoratif de notables, inhumés ailleurs.

Ici aussi Pierre et Paul viennent en premier, selon la hiérarchie au sein du collège des apôtres, et sont posés sur les socles les plus proches de la croisée. Cependant saint Pierre ne se situe plus à droite par rapport au plan de sol. Les deux autres des trois apôtres élus suivent : saint Jacques le Majeur, comment aurait-il pu en être autrement ici, et son frère saint Jean l’Évangéliste. Tous les quatre sont nu-pieds comme le veut la tradition pour les apôtres, suivant les recommandations du Christ lorsqu’Il les envoya prêcher la Foi : « Ne vous procurez ni or, …, ni besace pour la route, …, ni sandales, ni bâton » (Mt. 10:09-10). Saint Paul enchaîne avec un brin de poésie : « Qu’ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles ! » (Rom. 10:15).

La campagne de sobriété, incompréhensible, initiée par la fabrique d’église en 1807, consiste entre autres à enlever les clôtures des chapelles de la Vierge et du Très-Saint-Sacrement. L’espace ainsi libéré peut être utilisé pour y compléter la série d’apôtres lors du nouvel aménagement baroque de l’église au cours de la première moitié du XIXe siècle. Les mêmes dimensions, structures et matériaux concourent à l’unité stylistique souhaitée, malgré un modelé d’un académisme plus froid.

N’ayant pas respecté la hiérarchie traditionnelle pour les quatre premiers, on ne l’applique pas non plus à cette série. Peut-être n’a-t-on ainsi pas eu grand-peine à remplacer par Matthias, ‘l’originel’ Simon le Zélote, traditionnellement le dernier dans l’ordre.

Les apôtres sont identifiables par leur nom marqué sur le socle, ou d’après l’instrument de leur martyre qu’ils tiennent en mains ou qui se trouve à leurs pieds. Les pieds nus traditionnels sont souvent emballés dans de simples sandales.

La banderole qu’ils tiennent en mains ne mentionne plus, comme au Moyen-âge, un des douze articles de la profession de Foi que la légende leur attribue, mais une citation de la Bible se rapportant à eux. Certains apôtres sont le saint patron du défunt.

Disposition des statues d’apôtres, du nord au sud :

Chapelle                                Chœur                               Chapelle du
8-7-6 Mariale 5-4 déambulatoire 2 Jubé 1 déambulatoire 3-9 Vénérable 10-11–12

À l’entrée du déambulatoire :

  • (1) Pierre dont le rouleau d’écriture contient sa profession de Foi : « TU ES / CHRISTUS / FILIUS / DEI VIVI » (Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant) (Mt. 16:16). Il tient en mains, comme principal attribut, les clefs du royaume des cieux qu’il vient de recevoir, au figuré, de Jésus. La tiare illustre sa dignité de premier pape, alors que l’ange à sa droite, tenant des menottes, fait allusion à sa captivité à Rome.
  • (2) Paul, de Michiel Van der Voort (1723), enserre de ses deux mains le grand glaive à son côté.
  • (3) Jacques le Majeur est représenté en apôtre avec un livre et en pèlerin avec un bourdon avec calebasse, une pèlerine ornée de coquilles Saint-Jacques et à ses côtés un chapeau. Les attributs présents font allusion tant à sa dignité qu’à son martyre : une mitre épiscopale et un glaive. Est-ce un hasard si cette statue due à Jean Claude de Cock (env.1721) est réputée la plus belle de toute la série d’apôtres ?
  • (4) Jean, en évangéliste, le regard tourné vers le ciel pour recevoir la révélation divine, montre un rouleau contenant son évangile et dont le premier vers est « in principio erat Verbum / et Verbum erat apud Deum » (Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu ; Jn. 1:1). À côté de lui : l’aigle.

Transept Nord :

  • (5) Philippe, la main droite haut levée, illustre sa question à Jésus : « DOMINE OSTENDE / NOBIS PATREM ET / SUFFICIT NOBIS / JOAN ; XIV. 8 » (Seigneur montre nous le Père et cela nous suffit ; Jn. 14:8).
  • (6) Matthieu, en évangéliste, écrit attentivement à la plume sur un rouleau.
  • (7) Barthélémy, le couteau à côté de lui. La main droite levée il répète la mise en garde du Christ « SI POENITEN/TIAM /NON EGERITIS, OMNES / SIMILITER PERIBITIS/LUC. CAP.XIII V 5 » (si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement (Lc. 13:5, mais c’est en fait : Lc3 13:3). En général on l’identifie à Nathanaël, que l’on cite toujours conjointement avec Philippe.
  • (8) Judas Thaddée est représenté avec un rouleau tandis que l’équerre repose à ses pieds.

Transept Sud :

  • (9) Jacques le Mineur, fils de Cléophas, emploie son instrument de torture, une massue, comme bâton pour s’y appuyer. La mention sur le socle l’identifie comme étant un parent du Christ, issu de la branche du célèbre Roi David, et comme premier évêque de Jérusalem.
  • (10) Matthias, le remplaçant officiel de Judas (Actes 1:15-26) avec une hache. Le choix de Matthias, à qui Simon le Zélote a donc dû céder la place, s’explique par le fait qu’il est le saint patron de Matthias Joostens à la mémoire de qui ce monument est destiné.
  • (11) André, avec la croix de Saint-André, la main droite ouverte et dirigée vers le bas en signe de reddition, regarde vers le ciel. C’est la représentation baroque classique telle qu’elle a pour ainsi dire été consignée dans le chef d’œuvre de Duquesnoy à la Basilique Saint-Pierre de Rome.
  • (12) Thomas est représenté avec une lance.

L’intérieur : décor et décoration

Église Saint-Jacques, Anvers : vue d’intérieur

Il n’est pas une église à Anvers qui produise un effet aussi imposant.

Il y a l’architecture : robuste, de style gothique brabançon sur plan traditionnel cruciforme, avec chœur, déambulatoire, transept et bas-côtés, et nombre de chapelles rayonnantes et latérales.

Il y a le mobilier exceptionnellement riche : 23 autels, dont le maître-autel extatique ; le jubé de chœur baroque avec orgue ; chaire et confessionnaux ;vitraux ; d’innombrables épitaphes …

Jules Victor Genisson, 1857 – Intérieur de l’église Saint-Jacques à Anvers (photo Wikipedia)

Dans cette église extraordinairement riche on dénombre plus de cent variétés de marbre. Chaque chapelle des bas-côtés est accentuée par une clôture particulière de marbre coloré. Grâce à leurs structures et dimensions semblables elles forment une merveilleuse paroi continue. Cependant tout ce qui brille n’est pas marbre. Exceptionnellement le marbre cède la place au bois ‘marbré’. Soit pour des raisons d’économie comme pour l’autel de sainte Dymphna, mais généralement en raison du poids du couronnement de certaines constructions monumentales telles que le maître-autel, ou des parties mobiles telles que les portes. La peinture est si bien faite qu’à distance vous ne remarquerez pas qu’il ne s’agit que d’une imitation du vrai marbre. De près il n’y a souvent que la vermoulure pour trahir la vérité.

Un premier examen de l’intérieur, terminé en 2002, donna une surprise totale : pour la première fois en 350 ans on perce les couches de badigeon par de petites fenêtres d’examen laissant apparaître des peintures murales multicolores. Sur certains piliers de la nef principale des fragments de couleur rouge aux accents verdâtres émergent d’entre les diverses couches de plâtre. Certaine littérature parle de ‘chaudes teintes rouges et vertes sur un fond de taches d’or sur les piliers’ mais on n’a pu en retrouver la source. La profusion de couleurs et de figures qui sont ressorties d’en-dessous du badigeonnage baroque en 2000 est époustouflante. Il est bien connu que dans toutes les églises catholiques médiévales confisquées par les calvinistes, tout matériau figuratif ou de couleur a été blanchi pour concentrer les fidèles sur la parole divine. À l’époque baroque les catholiques ont fait pratiquement de même dans leurs églises, animés cette fois de toutes autres motivations. La polychromie des murs se devait de céder la place afin d’attirer davantage l’attention sur les nouveaux retables, grands et hauts en couleur, sans quoi l’ensemble n’aurait pas été attirant. C’est ainsi qu’après quatre siècles on peut mettre à jour de nombreuses peintures murales à Saint-Jacques. Cependant, plus on en libère, plus on risque d’envahir le baroque : un sérieux dilemme !

Au cours du XXe siècle de nombreux artistes, tombés sous le charme du riche intérieur de Saint-Jacques, ont été tentés de peindre des vues d’intérieur. Des célébrités telles que Peter I Neefs, Alexander Casteels, Jacobus Harrewijn et Hendrik de Braekeleer, les ont précédés.