L’église des jésuites à Anvers, une révélation.
La chaire de vérité
Actuellement, pour transmettre un message aux adultes on peut faire appel à l’enseignement post scolaire, les publications, la publicité, les films, l’internet, les débats à la télévision, les calendriers avec des maximes, les discours et les sermons. Au XVIIe et aux XVIIIe siècles un des seuls moyens pour atteindre le public était la prédication, autrement dit des speeches dans une église. À Anvers, les PèresPrêtre qui est membre d’un ordre religieux. jésuites sont chargés des sermons dominicaux de l’église Saint-André, des méditations de carêmeC’est la période de préparation à Pâques. Elle commence le mercredi des Cendres et se termine le samedi précédant Pâques. Sans compter les six dimanches du Carême, il y a 40 jours pendant lesquels les chrétiens sont censés vivre plus austèrement. La dernière semaine du Carême est appelée Semaine sainte. à la cathédraleL’église principale d’un diocèse, où se trouve le siège de l’évêque., ils sont demandés pour bien d’autres occasions. En dehors de cela, ils tiennent des missions populaires à la campagne et collaborent à la Mission hollandaise, soit la pastorale des catholiques des Province Réunies qui ne pouvaient pratiquer leur foi ouvertement. Cette pratique variée les amène à un nouveau genre littéraire qui leur est particulier : le sermon littéraire.
Au cours des premières années après 1585 et pendant la Trêve de Douze Ans (1609-‘21) lorsque beaucoup de chrétiens protestants viennent du Nord assister à la kermesse d’Anvers, les débats théologiques portent sur les grands thèmes de mésentente théologique, tels l’EucharistieC’est le rituel central de la messe, qui rappelle ce que Jésus a fait la veille de sa mort sur la croix. Le soir de ce jour, Jésus a célébré la Pâque juive avec ses disciples. Après le repas, il prit du pain, le rompit et le donna à ses disciples en disant : « Prenez et mangez. C’est mon corps. » Puis il prit la coupe de vin, tendit la main et dit : « Buvez-en. C’est mon sang. » Alors Jésus dit : « Faites ceci pour vous souvenir de moi. » Pendant l’Eucharistie, le prêtre répète ces paroles en rompant le pain [sous forme d’hostie] et en tenant le calice avec le vin. Par le lien entre le pain rompu et le Jésus » rompu » sur la croix, Jésus devient tangiblement présent. En même temps, cet événement nous rappelle la mission de tout chrétien : être le « pain rompu » dont les autres peuvent vivre. et la ConfessionLe sacrement de la réconciliation. Le croyant [ou confesseur] confesse ses manquements à un prêtre [le confesseur] et exprime son regret. Au nom de Dieu, il accorde le pardon [l’absolution] et impose également une forme de pénitence. Cela peut inclure un certain nombre de prières, un ordre de réconciliation avec l’autre partie ou, dans le passé, parfois un pèlerinage., la dévotion à la Vierge et la vénération des saintsIl s’agit d’un titre que l’Église accorde à une personne décédée qui a mené une vie particulièrement juste et fidèle. Dans l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, les saints peuvent être vénérés (mais pas adorés). Un certain nombre de saints sont également des martyrs..
La chairePièce de mobilier d’église, aujourd’hui en grande partie désaffectée, consistant en une plate-forme d’où le prédicateur s’adressait à son assemblée. Habituellement, une chaire est située au milieu, sur le côté sud de l’église. de vérité actuelle date d’après l’incendie (vers 1720), œuvre de Jan Pieter Van Baurscheit l’Ancien. Une simple esquisse ne suffit pas pour se faire une véritable idée d’un monument aussi important. Le sculpteur en fait d’abord une maquette. Le bozetto de la figure soutenant la cuve a été réalisée en terracotta (hauteur 80 cm). Elle est conservée au musée de l’église.
L’allégorie ‘l’Église triomphant des Hérésies’ est l’élément porteur (c) de la cuve (b). Les protestants rejetant l’autorité d’enseignement de l’Église, cet outil d’enseignement qu’est la chaire illustre explicitement l’autorité de l’Église. Voyez comment – presque invisibles – deux barres de fer traversent la statue creuse, passant par les deux anges situés de chaque côté en dessous de la cuve. La figure féminine, en habits sacerdotaux, tenant la crosse papale à trois croix, personnifie l’Église Catholique. L’Église piétine les monstres du mensonge, de l’ignorance, ainsi que les masques des fausses apparences. ‘Écraser la tête’ des hérésies se lit sur le phylactère sous ces pieds : “confregisti capita draconis ps. LXXIII V. 15” (Les têtes du dragon (Léviathan) (Dieu) vous les a écrasées) PS. 73 verset 15 (Ps. 74,14).
De la main gauche elle conjure triomphalement le grand monstre. Elle est secondée par deux putti qui tout en se protégeant derrière un bouclier, attaquent deux monstres avec un faisceau de feu. Leur diadème porte l’indication suivante : pour l’un “gladius spiritus” (l’épée de l’Esprit) (Eph. 6,17) (ce qui veut dire la parole de Dieu), pour l’autre “spiritus veritatis” (l’Esprit de Vérité). Deux autres putti, situés sous la cuve, escortent l’Église et portent ses attributs. L’un porte les clefs du royaume des Cieux (une des clefs est brisée) ainsi qu’un caliceCoupe en métal doré, généralement sur un socle, que le prêtre utilise pendant l’Eucharistie pour le vin. avec une hostieUn disque de pain faite de farine de blé sans levain qui, selon la croyance catholique romaine, devient le corps du Christ pendant l’Eucharistie., l’autre tient la tiareUne triple couronne : une coiffure composée de trois couronnes placées l’une au-dessus de l’autre. Elle a été portée par les papes lors des cérémonies officielles non liturgiques du début du XIV siècle jusqu’en 1964, date à laquelle le pape Paul VI a renoncé à sa tiare au profit de l’aide au développement. papale et un livre, symbole de l’autorité enseignante de l’Église lorsqu’il s’agit d’interpréter l’Écriture Sainte. Et entre la tête de ces deux angelots on peut lire une banderole, faisant une référence allégorique à la personne qui porte la cuve, “columna et firmamentum veritatis, 1 TIM. 3.15” (pilier et firmament de la vérité une paraphrase de saint PaulNommé à l’origine Saul, il était un Juif de nationalité romaine et un persécuteur des chrétiens dans la période qui a suivi la mort de Jésus. Après sa conversion, il est devenu le principal propagateur de l’Évangile dans ce qui est aujourd’hui la Turquie et la Grèce. Il a écrit des lettres pour rester en contact avec les communautés chrétiennes qu’il avait fondées et ces textes sont les plus anciens du Nouveau Testament. Bien qu’il n’ait jamais rencontré Jésus, il est appelé un « apôtre ». pour ‘l’Église du Dieu vivant’).
En dessous de l’abat-voix, une banderole entre les deux anges jouant de la trompette, inclut Marie dans la lutte pendant la Contre-réforme : “cunctas haereses sola intermisti” (vous seule qui avez anéanti toutes les hérésies), une phrase empruntée à la liturgie de l’Annonciation de la Sainte Vierge.
La Cuve est ornée de 6 médaillons qui représentent des thèmes de la vie de la Vierge.
- L’Immaculée Conception de Marie. Dieu le Père désigne Marie comme l’élue, Il encourage le Saint Esprit à répandre ses grâces sur Marie. Marie piétine un serpent ailé à têtes multiples. Un petit croissant de lune fait référence à la dame de l’Apocalypse, en dessous une banderole portant le texte : “immaculatae”.
- La naissance de Notre-Dame.
- La présentation de Marie au temple. En dessous une banderole : “virgini”.
- Le mariage de Marie et de Joseph.
- L’Annonciation. Une banderole en-dessous : “deiparae”.
- La Visitation (sur la porte). Marie et Elisabeth s’embrassent, tandis que derrières elles Joseph et Zacharies se saluent en ôtant leur chapeau.
Sur l’abat-voix six autres scènes de la vie de Marie :
- La naissance de Jésus, alias l’Adoration des Bergers.
- La Présentation de Jésus au temple ou la Purification de Marie.
- La Fuite en Égypte, et une donnée apocryphe – à droite – une idole païenne, qui au passage du vrai Dieu, baisse la tête et tombe de son socle.
- Les retrouvailles de Jésus, âgé de douze ans, au temple de Jérusalem.
Ensuite on fait un grand saut après la mort de Jésus.
- La descente du Saint Esprit sur Marie et sur les ApôtresC’est le nom donné aux douze principaux disciples de Jésus, qui ont été envoyés par lui pour prêcher l’Évangile. Par extension, le terme est également utilisé pour d’autres prédicateurs, tels que Paul et le père Damien (« l’apôtre des lépreux »)..
- L’Assomption et le couronnement de Marie en apothéose.
Le thème développé autour de la cuve et sur l’abat-voix est la glorification de Marie. Les phylactères en dessous de la cuve le proclament : “immaculatae virginis deiparae” (à la gloire de l’Immaculée Conception et de la Mère de Dieu). Quel est donc ce lien qui relie la vie de Marie au triomphe de l’Église sur les hérésies ?
- Un des points de la foi défendu avec une conviction manifeste par l’Église, avec (à l’époque) les jésuites en tête, est le rôle que Marie, femme forte, joue dans le plan divin pour délivrer l’humanité du mal. Les livres hérétiques qui combattent cette thèse se trouvent piétinés au bas de la chaire du haut de laquelle la vérité est prêchée.
- Le lien qui lie l’Église à Marie est encore bien plus profond. Depuis le Moyen-Âge, Marie est à l’image de l’Église : “Elle, Marie est l’image de l’Église parce qu’elle est vierge et mère ; elle est vierge, l’Église, n’étant atteinte par aucune hérésie, elle est mère, l’Église, parce qu’elle fait naître des enfants spirituels dans la grâce ! Ainsi, tout ce qu’on peut affirmer de l’Église on peut également le dire de Marie” (Honoré d’Autun).
En plus il y a une analogie entre l’Église triomphante qui détourne le dragon de l’hérésie, et la Vierge Immaculée qui piétine le serpent du mal (premier médaillon de la cuve). Les textes du socle et sur l’abat-voix éclairent ceci.
- Église Saint-Charles-Borromé
- Histoire & Description
- Introduction
- Le contexte historique
- L’esplanade et la résidence
- Les antécédents
- Le collège
- L’effet spatial
- Le nom des rues
- La maison professe
- Le bâtiment des sodalités
- La façade
- La tour
- L’intérieur
- Le maître-autel
- La chaire de vérité
- Les confessionnaux
- Les cycles des plafonds
- La chapelle Mariale
- La chapelle Saint-Ignace
- La chapelle St. François-Xavier
- Les galeries
- L’orgue
- La sacristie
- En sortant
- Épilogue
- Bibliographie