L’église des jésuites à Anvers, une révélation.
Les galleries
Dans le fond de l’église, du côté nord et sud, une porte est insérée dans le lambris. Chacune s’ouvre sur l’escalier de la tour qui mène à l’étage et au grenier. En plus chaque petit hall possède une porte qui s’ouvre directement sur l’extérieur, par laquelle entraient les membres des Congrégations Mariales et les élèves de l’enseignement du dimanche. C’était d’ailleurs pour eux que les galeries étaient construites et aménagées en chapellesUne petite église qui n’est pas une église paroissiale. Elle peut faire partie d’une entité plus grande, comme un hôpital, une école ou un lieu de culte, ou être autonome.
Une partie clôturée d’une église avec son propre autel.
didactiques. Ce n’est pas un hasard si les deux autelsL’autel est le meuble central de l’Eucharistie. A l’origine, un autel est une table de sacrifice. Cela correspond à la vision théologique selon laquelle Jésus s’est sacrifié, par sa mort sur la croix, pour racheter l’humanité, comme le représente symboliquement le tableau « L’Agneau de Dieu » des frères Van Eyck. Dans les temps modernes, l’autel est souvent décrit comme « la table du Seigneur ». Ici, l’autel fait référence à la table à laquelle Jésus et ses disciples étaient assis lors de l’institution de l’Eucharistie pendant la dernière Cène. Tout comme Jésus et ses disciples l’ont fait à l’époque, le prêtre et les fidèles se réunissent autour de cette table avec du pain et du vin. sont consacrésDans l’Église catholique romaine, le moment où, au cours de l’Eucharistie, le pain et le vin sont transformés en corps et en sang de Jésus, ce qu’on appelle la transsubstantiation, par la prononciation des paroles sacramentelles. aux saintsIl s’agit d’un titre que l’Église accorde à une personne décédée qui a mené une vie particulièrement juste et fidèle. Dans l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, les saints peuvent être vénérés (mais pas adorés). Un certain nombre de saints sont également des martyrs. patrons de la jeunesse : Louis de Gonzague et Stanislas Kostka, respectivement dans la galerie nord et sud. Vu le grand nombre de confessions, six confessionnauxMeuble spécialement conçu pour faciliter le sacrement de la confession, notamment en évitant que le confesseur et le confessant se retrouvent face à face. À gauche et à droite il y a des bancs où le confessant s’agenouille ; au milieu il y a une petite cabine où le confesseur s’assoit. Les deux sont séparés par un grillage, de sorte que le confesseur entend le confessant, mais ne le voit pas. furent placés dans les galeries.
Après l’incendie de 1718, le caractère didactique est maintenu, ce qu’attestent les médaillons ovales (h. 120 cm.) intégrés dans le lambris de chêne (vers 1720). Le cycle sur les panneaux du lambris sud montre quelques scènes de la vie publique de Jésus, ceux du nord Sa Passion, alors qu’à l’ouest c’est la charité chrétienne qui est mise en avant, plus particulièrement les Œuvres de Miséricorde. Assez souvent ces reliefs sont attribués à Jan Pieter van Baurscheit l’Ancien et Michel Van der Voort, mais selon une source Anversoise contemporaine se serait le travail d’artistes-jésuites inconnus de la maison professe.
Les Œuvres de Miséricorde
Sur le jubéUne paroi (généralement décorée) qui sépare le chœur ou le haut-chœur du transept et de la nef. Cela fait du haut-chœur une sorte de chapelle clôturée à l’intérieur de l’église. Sur le jubé, on trouve généralement une croix triomphale et parfois un orgue. À Anvers, l’église Saint-Jacques possède encore un tel jubé et un peu plus loin, à Lier, l’église Saint-Gommaire. Le large balcon au-dessus de l’entrée d’une église, sur lequel se trouve généralement l’orgue, est également appelé jubé., en dessous de la tribune du chœurDans une église à plan cruciforme, la partie de l’église qui se trouve du côté opposé de la nef par rapport au transept. L’autel principal se trouve dans le chœur., les Œuvres de Miséricorde (Mt. 25,31-46) sont mises en image à l’aide d’un récit biblique. À proximité des deux chapelles faisant office de classes, elles devaient servir à stimuler l’attitude sociale des jeunes. ‘Apprendre par l’exemple’, ces représentations tendent à y contribuer.
Les histoires du prophète Élisée et de son maître Élie sont parfois assez semblables. C’est pourquoi il n’est pas facile de déterminer de qui il s’agit en observant une scène pouvant le concerner. Ici, une femme offre de la nourriture à l’homme de Dieu. Le prophète ramène ensuite son fils à la vie. La scène se déroule dans un riche intérieur et c’est précisément ce qui nous donne la réponse que ce n’est pas la pauvre veuve de Sarepta à qui Élie demande du pain, mais la femme « riche (sunamite) » qui a elle-même invité Élisée à venir manger chez elle. Et chaque fois qu’il venait dans les environs, il se rendait chez elle pour manger » (2 Roi. 4:8). En récompense, Élisée prédit que son désir d’avoir un enfant, malgré l’âge de son mari, sera un jour comblé (v. 13-17). Quand le garçon meurt, Élisée le ramène à la vie (v. 18-37). Ici, le jeune garçon gambade derrière sa mère.
Abraham envoie son serviteur trouver une épouse pour son fils Isaac. Le serviteur se met en route avec 10 chameaux vers le pays d’origine d’Abraham. Près d’un puits, une belle jeune fille arrive, une cruche sur l’épaule. Elle puise l’eau, la donne à boire à l’homme et abreuve aussi ses chameaux. Ce geste bienveillant correspond à la prière du serviteur qui reconnaît que cette Rebecca lui est envoyée par Dieu pour être l’épouse destinée à Isaac (Gen. 24,1-27).
Au retour de son fils loqueteux, le bon vieux pèrePrêtre qui est membre d’un ordre religieux. le vêt d’une belle robe (Lc.15:11-32).
Abraham reçoit Dieu lui-même sous la forme de trois hommes (plus tard l’image de la Sainte TrinitéConception selon laquelle il n’y a qu’un seul Dieu qui se manifeste en trois natures : le Père, le Fils (Jésus de Nazareth) et le Saint-Esprit. ou les trois personnes divines en un seul Dieu). Il leur fait laver les pieds, cuire le pain et abattre un veau et reste auprès d’eux jusqu’au moment où ils sont rassasiés (Gen. 18,1-15).
En guise de salut, Abraham a ôté son chapeau et il les invite à entrer. Les pèlerins, habillés d’une pèlerine, un grand bâton à la main sont des anges reconnaissables à leurs grandes ailes qui ont pour mission de montrer la présence de Dieu.
Malgré l’annonce de sa mort prochaine, le prophète Isaïe promet au roi Hizkia (Ézéchias) de Judée mourant que sa vie se prolongera de 15 ans (Jes.38, 1-8.21-22). Un plus beau cadeau est inimaginable. Dans un riche intérieur, le roi malade est au lit. À côté de lui se trouve une couronne, un sceptre, une coupe et une cruche. Isaïe et deux hommes lui rendent visite. En signe de la promesse de Dieu, l’ombre sur le cadran solaire recule de 10 degrés. Tout le monde semble effrayé.
Ayant bravé l’interdiction de prier un autre dieu que le roi, Daniel fut condamné à être jeté dans la fosse aux lions à la grande tristesse du roi Darius lui-même. Daniel passe la nuit au milieu des bêtes sauvages qui resteront extrêmement calmes. À l’aubeUne longue robe blanche à manches longues, portée lors des cérémonies religieuses par les prêtres, les diacres, les assistants pastoraux, les enfants de chœur et les acolytes., le roi Darius, inquiet, se penche sur la fosse et se réjouit de voir Daniel vivant. Les deux bourreaux le délivrent en le remontant de la fosse. (Dan. 6,17-25). Détail amusant : Daniel les aide en prenant appui avec le pied sur la tête d’un des lions.
Au milieu d’une grande cour de prison entourée de hauts murs, de fenêtres rondes à barreaux et d’un porche dont la herse est levée, trois hommes attristés portent le corps décapité de saint Jean-Baptiste, trois assistants sont prêts avec pelle et bêche. En dessous du corps, un agneau muni d’un étendard avec croix lève la tête vers le saint. À gauche, on peut encore voir un chien. (Mt. 14,3-12; Mc. 6,17-29; Lc. 3,19-20).
Au XVIIIe siècle, les cloisons entre les fenêtres des deux galeries étaient décorées par 16 tableaux du frèreUn religieux qui n’est pas un prêtre. Daniel Seghers (Anvers 1590-1661). Chaque couronne de fleurs richement colorée, entoure une petite scène en couleurs ou en grisaille de Cornelius Schut. Trois d’entre eux ont été transférés à Vienne, les autres furent vendus. En 1839 ils furent remplacés par 14 stationsUne des quatorze étapes du chemin de croix : • Jésus est condamné à mort ;
• Jésus prend la croix ;
• Jésus tombe la première fois ;
• Jésus rencontre sa mère ;
• Simon de Cyrène aide à porter la croix de Jésus ;
• Veronica sèche le visage de Jésus ;
• Jésus tombe la deuxième fois ;
• Jésus réconforte les femmes en pleurs ;
• Jésus tombe pour la troisième fois ;
• Jésus est déshabillé ;
• Jésus est cloué sur la croix ;
• Jésus meurt ;
• Jésus est descendu de la croix ;
• Jésus est déposé dans un tombeau.
du chemin de croixQuatorze scènes de la Passion de Jésus, comme source d’inspiration spirituelle. L’intention est de s’arrêter à chaque image [ou station] pour prier et méditer., peintes par Edouard Dujardin et H.E. Janssens. Dans les niches du dessus, dans un style pseudo-antique, des bustes représentent entre autres les apôtresC’est le nom donné aux douze principaux disciples de Jésus, qui ont été envoyés par lui pour prêcher l’Évangile. Par extension, le terme est également utilisé pour d’autres prédicateurs, tels que Paul et le père Damien (« l’apôtre des lépreux »)..
L’autel Saint-Hubert des chasseurs
(dans la tribune nord)
Sous le Régime Français (1798) les corporations et les guildes sont abolies, également la guilde Saint-Hubert des chasseurs qui disposait depuis le XVIe siècle de leur propre autel dans l’église principale. En 1817, le dernier doyenPrêtre – généralement curé lui-même – qui coordonne le travail de plusieurs paroisses voisines [un doyenné]. de la guilde devient le président de la Fabrique d’Église de Saint-Charles et lègue les avoirs de la guilde à cette église. Il faudra pourtant attendre l’année 1954 pour voir revivre la guilde. En 1961 le tableau représentant saint Hubert est placé au-dessus de l’autel de la galerie nord. La messeLa célébration liturgique dans laquelle l’Eucharistie est centrale. Elle se compose de deux parties principales : le service de la parole et le service de la table. Les principales parties du service de la parole sont les prières de miséricorde, les lectures bibliques et l’homélie. Le service de la table commence par l’offrande, au cours de laquelle le pain et le vin sont déposés sur l’autel. Elle est suivie de la grande prière d’action de grâce, pendant laquelle on chante la louange de Dieu et on procède à la consécration. Les éléments fixes sont aussi la prière du Notre Père et un souhait de paix, et ainsi on peut symboliquement s’asseoir à table avec Jésus pendant la communion. La messe se termine par un envoi (missa en latin, d’où vient le mot « messe ») : l’instruction de partir dans le monde dans le même esprit. annuelle de la guilde, pendant laquelle du gibier est offert à l’intention des nécessiteux, a lieu le mardi qui précède le 2 novembre (la fête de saint Hubert est célébrée le 3 novembre). Le superbe reliquaireSupport en verre décoré sur un piédestal, dans lequel on peut placer une relique pour la vénérer. Il est important de savoir que les reliques ne peuvent pas être adorées, mais seulement vénérées. (XVIe siècle) est présenté à la dévotion de la foule. Le toucher ou le baiser exprime par un geste tangible sa Foi en l’assistance de Dieu. Suit alors sur la place de l’église, la bénédiction des chiens.
- Église Saint-Charles-Borromé
- Histoire & Description
- Introduction
- Le contexte historique
- L’esplanade et la résidence
- Les antécédents
- Le collège
- L’effet spatial
- Le nom des rues
- La maison professe
- Le bâtiment des sodalités
- La façade
- La tour
- L’intérieur
- Le maître-autel
- La chaire de vérité
- Les confessionnaux
- Les cycles des plafonds
- La chapelle Mariale
- La chapelle Saint-Ignace
- La chapelle St. François-Xavier
- Les galeries
- L’orgue
- La sacristie
- En sortant
- Épilogue
- Bibliographie