Septième NUIT des ÉGLISES
11 août 2018
LE CIEL SUR TERRE
ÉGLISES AVEC OU SANS BAROQUE
Un avant-goût
Anvers est sans nul doute la ville la plus résolument baroque des Pays-Bas, où les gens vivent et où la vie est célébrée avec exubérance. Pourtant, il ne reste qu’une seule église véritablement baroque : celle de Saint Charles Borromée. La plupart des églises médiévales, d’architecture gothique, n’ont qu’une « garniture » baroque, mais qui compte : le mobilier et la décoration, la liturgie et la musique !
La montée du protestantisme, qui met l’accent sur l’écoute de la parole de Dieu, a entraîné un véritable iconoclasme au milieu du XVIe siècle, au grand dam des catholiques d’Anvers. L’Église catholique est convaincue que l’on peut aussi rencontrer Dieu de manière tangible dans les sacrements et veut célébrer cela joyeusement comme un événement festif. Dès la fin du XVIe siècle, les églises gothiques sont donc à nouveau décorées de couleurs. Et avec Rubens à la barre, la confiance en soi retrouvée de l’Église catholique au XVIIe siècle a donné naissance à un style baroque véritablement triomphant. Cela se reflète non seulement dans les peintures sur les autels, mais aussi dans tout le mobilier somptueux de l’église : autels exaltés, stalles de chœur raffinées, chaires et confessionnaux didactiques et buffets d’orgue ludiques. Même sans jouer de l’orgue en direct, ils savent vous mettre dans une ambiance musicale.
Haut sur les murs et les plafonds, les peintres et les sculpteurs veulent même ouvrir les portes du ciel. L’église tout entière est comme une salle de banquet céleste, car la rencontre avec Dieu peut être une fête ! Les services liturgiques ne se limitent pas à des messes fixes, mais se transforment parfois en événements théâtraux avec des effets spéciaux, de magnifiques décorations de circonstance, des parades et du théâtre. Tout cela avait pour but de rendre tangible à quel point Jésus, Marie et les saints sont aimés. Aucune dépense n’a été épargnée. Un excès … qui a commencé à nuire.
Il a fallu attendre la Révolution française, puis les années 1960, pour que cette « riche vie romaine » prenne fin. Pour les occidentaux conscients d’eux-mêmes et critiques, tout triomphalisme était hors de question, surtout celui de la religion. Bientôt, la conscience de soi des catholiques a fondu comme neige au soleil des Lumières et de la sécularisation. Il semblait que la foi ne devait plus être célébrée. Nous nous sommes repliés dans le placard comme si le miracle de la première Pentecôte n’avait jamais eu lieu.
Heureusement, ici et là – notamment à Anvers – des échos de la fête « baroque » ont continué à vivre dans l’église, notamment à travers le chant et la musique. La pratique de l’orgue se poursuit encore aujourd’hui. Il y a parfois des réminiscences ou même des résurrections du chant grégorien solennel. Tant que la qualité des chœurs le permet, on a de la chance, mais beaucoup ont déjà sombré ou sont menacés d’extinction. Les messes orchestrales de l’église Saint-Paul et les messes d’artistes de l’église Saint-Charles-Borromée constituent une exception notable.
Le caractère typiquement sensuel et festif du « baroque » a conduit ce terme à se référer non seulement au style de Rubens au 17e siècle, mais aussi, dans un sens plus large, à « exubérant et festif », « ludique et imaginatif », « abondamment décoratif », « sans fin ». En ce sens, il est utilisé par le festival culturel de la ville « Baroque 2018 – Rubens inspire ».
En cette Année du Baroque 2018, les églises baroques ne seront pas les seules à être de la partie.
Même les églises d’un style différent ont quelque chose de « baroque » en elles.
La famille d’artistes Quellinus et l’orgue de Forceville sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle
L’église gothique St. Jacques peut vraiment se vanter de son magnifique intérieur baroque. C’est en grande partie grâce à la famille d’artistes Quellinus (XVIIe siècle). Aujourd’hui, elle est littéralement au centre de l’attention.
Sur l’étonnant maître-autel en marbre (1685) d’Artus II Quellinus, saint Jacques de Compostelle est porté victorieusement au ciel comme un héros par des anges. Il est flanqué de six énormes colonnes torses en marbre blanc de Carrare, décorées de coquilles Saint-Jacques et des palmes du martyre.
La sculpture particulièrement riche des stalles du chœur (1658-1670) est l’œuvre conjointe d’Artus I et Artus II Quellinus. Au milieu de ce foisonnement baroque ludique, avec têtes d’anges, animaux et masques, les chanoines chantaient leurs prières deux fois par jour.
Dans la charmante chapelle Notre-Dame, notre attention est attirée par la statue dévotionnelle de Marie, la « Mère Affligée ». Cette statue était portée lors des processions. Pour l’occasion, nous habillons à nouveau Marie dans son manteau du 17ème siècle ! La statue a été sculptée dans du bois par Artus II Quellinus. Des œuvres de son frère, le peintre Érasme II, peuvent également être admirées dans l’église.
L’orgue Forceville de 1730 orne toujours l’impressionnant rideau de chœur.
Cette chapelle historique de la Keizerstraat, connue sous le nom de « chapelle de l’empereur », a été construite en 1512 comme chapelle de la corpoeation des tondeurs de drap. Au 17e siècle, la chapelle a connu un véritable essor lorsque la paroisse de St Willibrordus y a trouvé un abri temporaire. À cette époque, la chapelle gothique est embellie par un portail et un mobilier baroques, l’autel, la chaire (Peeter II Verbrugghen), les confessionnaux et le banc de communion. Le sol en marbre et le bel ostensoir (Corbion, 1653) datent également de cette période.
Après sa fermeture pendant l’administration française, la chapelle a été la première église d’Anvers à être rouverte au culte catholique. Au XIXe siècle, elle est devenue propriété privée et a échappé plusieurs fois à la démolition. Par la suite, elle a servi de chapelle conventuelle aux Missionnaires d’Afrique (les Pères Blancs), qui avaient une base dans la ville portuaire d’Anvers pour leurs missions outre-mer. A la fin du 19ème siècle, des perles de vitraux (L. Pluys et E. Steyaert) ont été ajoutées, représentant la vie de la jeune Maria.
La belle peinture d’intérieur de 1710 d’Alexandre Casteels qui se trouve dans la chapelle est un excellent point de départ pour découvrir cette salle de prière baroque en compagnie des guides locaux.
Les visites guidées sont entrecoupées de musique d’orgue sur l’orgue Willem Hendrik Mondt-Groenewoud construit en 1864. L’orgue « avec ses flammèches » et la tribune de chant sont situés à l’extérieur de la chapelle originale. Afin de l’agrandir pour le chant et la musique, le couloir attenant qui menait à l’hospice des tondeurs de draps derrière la chapelle a été voûté pour une superstructure qui correspond à la chapelle et qui est joliment fermée par une balustrade.
Vue intérieure de la chapelle Sainte-Anne, Alexandre II Casteels, 1710
Grâce à ce tableau, il est possible de se faire une excellente idée de l’intérieur de la chapelle en 1710 avec la chaire, le confessionnal, le banc de communion, le maître-autel, la balustrade de l’autel, la rampe de l’autel, toutes sortes de meubles et de sculptures.
Sur cette scène, on peut également reconnaître un certain nombre de peintures, dont la plupart ont entre-temps disparu. L’autel principal, avec l’Ascension de Marie d’Abraham Matthyssen, est clairement reconnaissable. En ce sens, le tableau ressemble à un véritable cabinet d’art.
Source: Keizerskapel Antwerpen, Jean-Pierre De Bruyn-Maurice Meul, 1994
Alexander Casteels (Anvers, avant 1665 – après 1716)
On ne sait presque rien du peintre d’architecture Alexandre Casteels, si ce n’est qu’il était membre d’une famille de nombreux artistes. Les dates de naissance et de décès sont manquantes et sa période de travail se situe entre 1687, année où il est devenu membre de la Guilde de Saint-Luc d’Anvers, et 1716, date de sa dernière œuvre datée. Pour autant que l’on sache, il n’a eu qu’un seul élève en 1695-1696. Les quelques œuvres de sa main, cinq au total, toutes réalisées à l’aquarelle sur papier, ne sont pas d’une très grande qualité picturale, mais elles sont intéressantes comme documents. En raison de leur naïveté, elles se rapprochent davantage de l’art populaire que des beaux-arts. Seules deux œuvres sont datées. La première est une vue intérieure de la petite chapelle gothique Sainte-Anne dans la Keizerstraat, datée de 1710 ; la seconde représente l’intérieur de l’église Saint-Jacques en 1716. Par ailleurs, le musée Vleeshuis conserve une aquarelle représentant l’intérieur de la première chapelle du collège jésuite dans la Huis van Liere de la Prinsstraat. Sur la galerie de l’église Saint-Charles-Borromée est accrochée une vue intérieure non datée de l’église sans personnages. Casteels a également représenté l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame, mais le matériau, les dimensions et l’emplacement actuel de l’œuvre sont inconnus.
Source: De documentaire waarde van de kerkinterieurs van de Antwerpse school in de Spaanse tijd (1585-1713), Claire Baisier, 2008
Ce soir, dans l’église historique du Béguinage, vous pourrez vous plonger dans l’histoire de l’église en compagnie des grands artistes baroques Rubens et Jordaens et apprécier une musique baroque intime.
L’architecte Hans van der Laan, résident du Béguinage, vous fera visiter les lieux. Il vous éclairera non seulement sur l’histoire et l’architecture du béguinage, mais vous rapprochera également des tableaux baroques Une Piéta de Jacques (« Jacob ») Jordaens (voir photo) et Saint François recevant les stigmates de l’école de Rubens. Dans l’ancienne église, encore plus de peintres baroques étaient représentés tels que Jan Boeckhorst, Adam Van Noort, Erasmus II Quellinus et Guido Reni. De plus, parmi les béguines, on trouve les sœurs de trois peintres célèbres : trois sœurs d’Anthony van Dyck et deux de Jacques Jordaens et une sœur du peintre animalier Frans Snijders.
Du baroque à la sobriété du protestantisme luthérien allemand strict.
« Brabantse Olijfberg » est le pseudonyme que la congrégation protestante d’Anvers a adopté vers le milieu du 17e siècle, lorsque les protestants n’étaient que tolérés et se réunissaient clandestinement dans des maisons privées. L’un des membres les plus célèbres de cette période est le peintre baroque Jacques (« Jacob ») Jordaens, qui a néanmoins peint au service de la Contre-Réforme.
Depuis 1821, la congrégation protestante est hébergée dans la chapelle de l’ancien couvent des Annonciades, qui lui a été attribuée par Guillaume Ier. Déjà dépouillée d’une grande partie de sa splendeur baroque par l’administration de la Révolution française, elle a continué à évoluer d’une église baroque à une « église de prédication » plus austère du protestantisme allemand luthérien pur et dur.
À l’extérieur, l’église a été restaurée en grande partie et, si tout va bien, au printemps 2019, les vitraux du chœur pourront également être restaurés. Ensuite, il faut encore s’attaquer à l’intérieur, qui a été malmené par le temps. Néanmoins, lorsque vous entrez dans cette pièce, vous pouvez encore ressentir quelque chose de la richesse distinguée du début des années 1900. Le bâtiment est l’un des rares signes restants de la présence d’influents marchands, banquiers et armateurs allemands qui ont élu domicile à Anvers avant que les guerres mondiales ne changent tout cela.
Beaucoup plus de baroque que Rubens seul
Ceux qui viennent du lointain Japon pour visiter la cathédrale Notre-Dame d’Anvers le font avant tout pour les chefs-d’œuvre de Rubens, le grand maître de la peinture baroque. Pourtant, il y a beaucoup plus de baroque à admirer dans cette immense église. Vous pouvez faire l’expérience du baroque en regardant tout en haut de la coupole et en contemplant Marie qui, grâce à l’étonnante peinture d’illusion de Cornelis Schut, est littéralement emportée au ciel.
Mais les couleurs des tableaux ne sont pas les seules à vous mettre d’humeur festive. Certains monuments funéraires sont dotés d’une sculpture étonnante. L’évêque défunt Capello repose là « en chair et en os », une fois en décomposition devant le visiteur, une autre fois (à nouveau) vivant devant Dieu. Et regardez le dandy qui, bien qu’il ait une jambe dans la tombe, veut en sortir avec l’autre ! Les sculptures en bois sont également charmantes. Ce guide vous aidera à rendre les « statues parlantes » de la chaire encore plus convaincantes.
Le « baroque » est également la liturgie de certains jours de fête, par exemple avec la statue couronnée de Marie lors de la procession renouvelée du 14 août. Ou préférez-vous être éclaboussé dans la sacristie par un dauphin de l’Ommegang d’Anvers ?
Les grandes orgues ont traditionnellement joué un rôle important dans l’animation des services. Le majestueux orgue du jubé, récemment restauré, avec son buffet de Peter I Verbrugghen de 1657 et son orgue Schyven de 1891, est l’accroche-regard (accroche-oreille) de la Nuit des églises.
Bienvenue dans cette oasis de paix et de prière au Schoenmarkt. En raison de son emplacement, les Anversois connaissent cette maison de prière sous le nom de « chapelle des cordonniers ». Néanmoins, cela n’a rien à voir avec ce commerce. Le nom en diminutif fait référence à la sympathie dont jouit ce lieu de prière auprès de nombreux Anversois.
La chapelle baigne dans une atmosphère de dévotion populaire : des bougies sont continuellement offertes, l’autel est couvert de fleurs, des ex-voto sont encastrés dans le mur. Tout cela parce que la chapelle est dédiée à la mère de Jésus, Marie. Officiellement, la chapelle s’appelle « Notre-Dame de la Nativité » ou « Notre-Dame du Refuge ». Un refuge pour tous, sans distinction de besoin, de rang, de statut ou d’âge (de la profession). Ce n’est que parce que, jusque dans les années 1970, de nombreuses prostituées du centre ville venaient y prier que le surnom de « chapelle des putes » a circulé.
A St Charles, nous parlons BAROQUE.
Avec un changement unique de peintures et une exposition tout aussi unique de dentelles baroques.
Au XVIe siècle, la connaissance déficiente de la Bible par les catholiques a été critiquée à juste titre par les protestants. À l’époque de la Contre-Réforme (surtout au XVIIe siècle), les Jésuites voulaient promouvoir la connaissance de la Bible parmi les fidèles catholiques par l’éducation et la prédication. Pour ce faire, ils ont utilisé non seulement le mot écrit ou parlé, mais aussi le mot imagé : la peinture et la sculpture. Aujourd’hui encore, la première chose qui attire l’attention lorsqu’on pénètre dans une église jésuite baroque est le gigantesque maître-autel dont le tableau ne mesure que 5,35 m sur 4 m !
Mais, comme le disaient les Jésuites il y a 400 ans, si vous devez regarder la même image encore et encore, vous n’y prêtez guère attention à long terme. L’intention était (et est toujours) que vous viviez avec l’image montrée, que vous posiez des questions à son sujet, que vous arriviez à la réflexion et que vous fassiez finalement de bons choix dans la vie et rencontriez ainsi Dieu. C’est pourquoi ils ont conçu un système unique de poulie pour changer la peinture quatre fois au cours de l’année liturgique, les tableaux sur toile étant soulevés et abaissés dans un compartiment de réserve derrière l’autel.
Des quatre œuvres originales, deux sont encore présentes, à savoir L’Élévation de la Croix de Gerard Zegers et Le Couronnement de Marie de Cornelis Schut. Deux œuvres de Rubens, Saint Ignace et Saint François Xavier, ont été transférées à Vienne après la dissolution de l’ordre en 1773, où elles peuvent être admirées au Kunsthistorisches Museum. Au milieu du XIXe siècle, une troisième œuvre, Notre-Dame du Carmel de Gustaaf Wappers, a été ajoutée.
Actuellement, les tableaux sont changés trois fois par an. Le mercredi des cendres, l’Élévation de la Croix apparaît, le lundi de Pâques Notre-Dame du Carmel et à la mi-août, le Couronnement de Marie est montré. Ce dernier changement a lieu exceptionnellement cette année le 11 août à l’occasion de la « 7e nuit des églises d’Anvers ».
Un baroque inspirant
Dans cette église dominicaine gothique dédiée à Saint Paul, nous mettons en lumière trois grands maîtres du baroque : un peintre et deux sculpteurs.
Nous vous raconterons l’histoire du lien particulier entre Pieter Paul Rubens et les Dominicains et nous vous présenterons les œuvres d’art qu’il a réalisées pour l’église : La Flagellation du Christ (1617), dans le cycle de peintures des 15 mystères du Rosaire, La Naissance du Christ (photo de droite), l’énorme œuvre de 4 mètres sur 3 dans le transept sud et La Concorde ecclésiastique sur le Saint Sacrement sur l’autel du Doux Nom de Jésus.
Et vous apprendrez tout sur la grande œuvre que Rubens a réalisée pour le maître-autel, La Vision de saint Dominique (photo de gauche), et sur …., pourquoi elle ne peut plus être admirée dans l’église Saint-Paul.
Et n’oubliez pas de prendre le temps d’admirer les magnifiques sculptures en bois des confessionnaux (11 au total) avec leur incroyable richesse en symboles, images et décorations. Nous vous dirons tout sur les artistes : Peter I Verbruggen et Willem I Kerrickx.
Une messe baroque : une véritable expérience
Dans les années 1960, après le concile du Vatican, la riche vie catholique romaine a perdu tous ses panaches, ce qui s’est également manifesté dans la restauration musclée de l’église Saint-André dans les années 1970-75. Le riche décorum est banni et la dévotion sanctifiante disparaît presque complètement de la vue. Toutefois, certainement lors des grands jours liturgiques, l’église Saint-André souhaite donner un nouveau souffle à ce caractère festif en employant un style « baroque » avec Schwung. La chose la plus frappante est la foule d’enfants de chœur, en robes noires ou rouge vif, et les vêtements élégants, ( véritable ) baroques. L’harmonie de l’ensemble de l’espace de l’église est assurée par la couleur liturgique du moment, qui apparaît partout, des fleurs de l’autel aux bannières géantes touchant le plafond.
Et pour la musique spirituelle, nous pouvons compter sur des organistes fidèles. L’orchestre est parfois composé uniquement d’enfants qui accompagnent simplement de joyeuses chansons folkloriques avec des cloches, … mais le cœur est touché ; si cela n’est pas « baroque » ! Une « dimension céleste » est perceptiblement abordée ; l’esthétique et la liturgie vont de pair. Certains des saints ont été remis à leur place, tout comme les anges qui jouent de la musique dans la salle d’attente en prévision de la restauration de l’orgue. De même, le chemin de croix, qui semblait ne plus correspondre à l’image des golden sixties, reprend sa place pour donner une impulsion à la réflexion contemporaine.
Le sens prononcé de la décoration baroque se manifeste également dans l’approche des chasubles avec de lourdes broderies, en couleur ou en fil d’or. Alors qu’auparavant, le modèle gothique du Nord (long et chaud) déterminait la mode des chasubles, à l’époque baroque, l’Italie du Sud a donné le ton, également en termes de textiles, et c’est ainsi qu’est apparu le type plus estival : plus court (en tissu), les épaules à peine couvertes, et avec des zones découpées pour le mouvement des bras (pour soulever l’hostie et le calice, entre autres). Dans le langage populaire, et aussi parmi le clergé, ce type est appelé » boîte à violon « .
Ce qui est paradoxal avec la mode, c’est que la mode domine souvent l’aspect pratique. Ainsi, si l’on suit la mode nordique, gothique ou contemporaine en Italie, le pauvre clergé y souffle et transpire en été sous de longues robes chaudes. Et si l’on suit la mode italo-romaine ou baroque dans nos régions, le pauvre clergé (jusqu’en 1966 environ) portait également des habits courts au cœur de l’hiver.
En outre, après Vatican II, un accent idéologique a contrecarré à la fois la vision sobre de l’utilité pratique et la vision stylistico-esthétique. En réaction à la richesse de la vie catholique romaine, symbolisée par les chasubles baroques richement brodées, les longues robes du modèle gothique symbolisent une vision plus moderne de l’Église. Ainsi, sous prétexte qu’il n’y a pas de « vin nouveau dans de vieux flacons » (Mt 9,17), tant de chasubles baroques brodées d’un amour patient ont disparu dans le placard où elles se décomposent à cause des mites ou des faux plis… ou sont chinées et découpées. O tempora, o mores.
L’illusion de la bataille idéologique au sein de l’Église concernant les vêtements d’église pourrait être percée à jour. C’est ainsi que l’idée est née de savoir s’il ne serait pas encore plus judicieux de penser à deux types de chasubles : un modèle d’hiver et un modèle d’été. Le point de départ de tout vêtement liturgique reste : « revêtez-vous de l’homme nouveau » (Eph. 4,24). Le souci d’éviter de verser du « vin nouveau dans de vieux flacons » a conduit à rêver d’un vêtement de messe de style baroque contemporain.
On a demandé à un styliste anversois « de renom » de concevoir une chasuble contemporaine. Dès le départ, notre préférence est allée à Dries Van Noten, en qui nous avons toute confiance pour réaliser avec brio nos rêves les plus fous. Une double création qui, tout comme les splendides vêtements baroques, peut durer longtemps dans la liturgie éternelle. Venez voir et vous reconnaître dans « l’homme nouveau ».
Néo-gothique et baroque : un beau mariage
cIl y a plus de 700 ans, en 1304, la chapelle Saint-Georges a été élevée au rang de deuxième église paroissiale d’Anvers, après l’église Notre-Dame (l’actuelle cathédrale). La petite église a été constamment agrandie et adaptée aux styles dominants, notamment le baroque au XVIIe siècle. Malheureusement, cette église monumentale, plus grande que l’actuelle, a été démolie pendant le règne français. Heureusement, nous en avons encore une impression grâce à une peinture d’intérieur de l’église datant du XVIIe siècle. Mais 50 ans plus tard, en 1853, une nouvelle église est construite : l’une des premières de style néo-gothique.
À première vue, ce n’est pas l’endroit où l’on s’attend à trouver beaucoup de baroque. Et pourtant. Vous pouvez encore admirer une multitude d’œuvres d’art baroques provenant de l’ancienne église. Il suffit de penser aux tableaux Le Portement de Croix d’Antoine Sallaert, Le Lit de mort de Marie de Théodore Van Thulden, Les Œuvres de la Miséricorde de Frans II Francken (atelier), ‘Laissez les enfants venir à moi’ de Frans I Francken ou La Transfiguration sur le Mont Thabor de Michiel Coxcie.
Et ce n’est pas tout : la remarquable statue équestre de Saint-Georges, le saint patron de l’église, et la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs dans la chapelle de Notre-Dame-du-Cœur.
Outre l’argenterie liturgique baroque, nous exposons également des textiles, des capes de chœur avec des scènes remontant à Rubens et des chasubles néo-baroques.
Des icônes modernes entourent la Vierge
La construction de l »glise Saint-Michel et Saint-Pierre sur plan basilical a certainement été révolutionnaire à la fin du XIXe siècle, puisque le style néo-gothique habituel à l’époque a été abandonné au profit d’un style qui n’existait pas encore dans toute la Belgique. Il est clair que le style byzantin triomphant et somptueux s’adaptait parfaitement à l’église triomphante et à la richesse retrouvée d’Anvers. Vous l’avez dit : Baroque byzantin.
La seule œuvre d’art de l’église qui ne date pas du XIXe siècle est la statue de Saint-Michel du XVIIe siècle, attribuée à Hans van Mildert. C’est un héritage de l’illustre abbaye Saint-Michel, qui a dominé le côté sud de l’Escaut jusqu’à la fin du 18e siècle.
A l’occasion de la fête de L’Assomption de Marie, le 15 août, jour de la fête des mères, la bannière de procession de Notre-Dame de Montaigu sera consacrée au cours de l’Eucharistie à 11 heures. Cette remarquable bannière, réalisée dans la période 1920-1930, vient d’être restaurée. Nous profitons de la Nuit des églises du 11 août pour déployer la bannière à cette occasion. Une première.
Nous sommes également fiers de pouvoir montrer trente icônes orthodoxes russes modernes de l’iconographe Lucas Ollomont Claeyé. Les œuvres exposées s’inscrivent parfaitement dans le thème de la Vierge.
Baroque en construction
Dans la seconde moitié du mois d’août, un puissant exemple de savoir-faire artisanal s’élèvera dans l’église Saint-Norbertus dans un rouge acajou profond. Clin d’œil au passé baroque de la ville, le nouvel orgue est aussi le lien avec un avenir dynamique.
Le tout nouvel orgue sera un instrument spécial, tant par sa conception que par sa sonorité. Il peut sembler avoir été construit à l’époque baroque, mais il regorge de gadgets contemporains, tels que la soufflerie dont la vitesse s’ajuste en fonction de la pression d’air nécessaire pour faire parler un tuyau d’orgue, ou le clavier qui peut être transposé de 440 Hz (l’accord contemporain) à 415 Hz (l’accord baroque, un demi-ton plus bas). Cet instrument est la combinaison ultime de l’authentique et du contemporain. De plus, l’orgue a sa place au rez-de-chaussée de l’église. De cette façon, lejeu des mains et des pieds de l’organiste peuvent être observés en détail.
Baroque à ciel ouvert
Le carillon de l’église Saint-Catharina sur le Kiel est l’un des rares carillons en Belgique appartenant à un conseil d’église. Il s’agit d’un carillon assez récent, datant de 1993, et chaque été, des concerts de carillon sont organisés le samedi ou le dimanche. Sint-Catharina possède une tour élancée qui ne laisse pas beaucoup de place aux grandes cloches. Il existe donc désormais un carillon léger et raffiné, particulièrement adapté à l’interprétation de la musique baroque.
Comme la plupart des églises anversoises construites dans le cadre de l’expansion de la ville au 19e siècle, l’église Saint-Willibrord a été bâtie dans le style néogothique alors en vogue. Elle a remplacé son prédécesseur baroque du XVIIe siècle, qui avait été consacrée en 1654. Bien que cette église baroque ait été saisie et vendue avec tout son contenu par les révolutionnaires français à la fin du 18e siècle, l’acheteur, un larbin, en a fait don à la paroisse après l’ère française et elle a pu à nouveau servir d’église.
En de nombreux endroits de cette majestueuse église néo-gothique, on retrouve quelque chose de l’ère baroque. Le plus remarquable est peut-être le tableau de P.P. Rubens, Saint Willibrord en adoration devant la Sainte Famille (avant 1631). Le saint patron de l’église entraîne en quelque sorte ses paroissiens dans l’adoration de l’Enfant, le Sauveur du monde.
Tout aussi uniques sont les peintures votives (vers 1730), qui étaient autrefois offertes par les croyants en guise de remerciement pour une faveur reçue. Et à la surprise de tout amateur de baroque, vous trouverez ici l’épitaphe émouvante et symboliquement puissante du peintre anversois Cornelis Schut (1655). Cet illustre contemporain de Rubens a été enterré dans l’église précédente. Sa pieuse devise, inspirée de son propre nom, était très appropriée : « Godt Is Ons Schvt » (Dieu est Mon Refuge) (d’après les Psaumes 46:2 et 59:17).
Baroque : la survivante
L’année dernière, la paroisse de Saint-Barthélemy a célébré son 800e anniversaire. Les siècles d’histoire de l’église ont laissé des traces, même au XXe siècle, lorsque l’église a dû être entièrement reconstruite après sa destruction presque totale pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre 1947 et 1950, l’église a été ressuscitée selon le plan d’avant-guerre par l’architecte H. Huygh.
Heureusement, un riche trésor de mobilier baroque a été préservé, et il est d’excellente qualité. Lors de la Nuit des églises, vous pourrez admirer la splendeur festive des sculptures en bois vieilles de plus de 300 ans : les lambris du XVIIe siècle, qui proviennent probablement de l’atelier des Quellin, ainsi que les deux confessionnaux du transept, les stalles du chœur (1661), les bancs de communion en chêne de Cornelis Struyf (1734) et la chaire baroque de Jan Pieter Van Baurscheit (1725).
L’autel portique en marbre de Notre-Dame a été construit en 1709 par Willem Kerrickx pour le compte du Seigneur d’Eeckeren. Le tableau original de l’Assomption de Marie, peint par le fils de Kerrickx, Willem Ignatius, est maintenant accroché dans le transept sud.
Cinquante ans plus tard, la guilde des archers fait construire l’autel de Saint Sébastien par Walter Pompe et y place le tableau de leur saint patron (par Jacob II Herreyns).
Le maître-autel dédié au saint patron Saint-Barthélemy est un autel baroque à portique de Paschier (1645).
L’histoire de Merksem et de son église aux XVIIe et XVIIIe siècles peut également être clairement lue sur les tombes et les épitaphes des seigneurs de Merksem tels que Geelhand, van Parijs et van Eeckeren, à l’intérieur et à l’extérieur de l’église, ou sur la pierre tombale d’un marquis français, de Seguiran, qui est mort dans la bataille d’Ekeren en 1703.
Néo-gothique baroque : une église mondiale festive
L’église Saint-François a beau être néo-gothique, tant dans son architecture que dans sa décoration, elle n’en a pas moins un côté baroque, notamment grâce aux vitraux colorés qui la parsèment. En fin de journée, lorsque les derniers rayons du soleil atteignent l’horizon, ils constituent une toile de fond colorée.
Baroque » n’est pas seulement une couleur, c’est aussi une fête. La célébration de la liturgie, même dans un bâtiment néo-gothique, se reflète certainement dans la décoration de l’église. Les sculptures, la statue processionnelle de la Vierge Marie richement décorée, les bannières processionnelles majestueuses, les cuivres brillants et les riches vêtements liturgiques font des célébrations liturgiques une fête depuis le XIXe siècle.
C’est aussi dans l’exotique, dans l’étrange, dans l’autre, que nous trouvons le « baroque ». Après tout, l’église Saint-François est aussi le foyer des communautés vietnamienne et philippine d’Anvers. Toutes deux possèdent leur propre statue de la Vierge, illustrant leur culture et leur tradition colorées.
Ou bien venez admirer la statue processionnelle très spéciale du Santo Niño, le Saint Enfant Jésus, que la communauté philippine vénère également dans cette église (voir photo). Cette dévotion populaire philippine de l’Enfant Jésus remonte à la découverte « miraculeuse » d’une telle statue dans un village incendié de l’île de Cebu, lors de l’arrivée de la deuxième expédition espagnole en 1565. L’image serait un cadeau de Fernando Magelhaen, chef de la première expédition espagnole aux Philippines, en 1521, au roi (« Rajah ») Humabon et à la reine Juana, qui avaient été baptisés comme chrétiens. Le troisième dimanche de l’année – quelques semaines après Noël – l’Enfant Jésus est célébré à Cebu par une glorieuse procession. Elle devient la dévotion nationale des Philippines et, avec les émigrants philippins, elle se répand dans le monde entier.
Son riche passé et son présent et son baroque exotique réunis dans l’église Saint-François.
Quellinus et Forceville sur le Chemin Brabançon de Compostelle
L’église Saint-Lambert se trouve sur l’ancien chemin de Saint-Jacques vers Compostelle, la via Brabantica qui part de Bergen op Zoom dans le Brabant septentrional, passe par Ekeren et Anvers pour rejoindre Bruxelles et Nivelles ou Louvain. Les pèlerins de Compostelle visitent donc sur leur chemin l’église Saint-Lambert d’Ekeren et l’église Saint-Jacques d’Anvers. Une bonne idée pour la Nuit des églises.
L’église a une histoire mouvementée. Le bâtiment gothique du XVe siècle a été en grande partie détruit par un incendie en 1683. Seuls l’actuel chœur gothique en briques et la base de la tour datent du XVe siècle. L’église a acquis son aspect actuel au XIXe siècle et en 1911, lorsque la flèche a été reconstruite dans sa forme originale par l’architecte L. Gife.
L’église, par ailleurs plutôt sobre, vous charmera par ses remarquables œuvres d’art de l’ère baroque. L’orgue de Forceville (1713), qui est utilisé lors des services religieux et des concerts d’orgue, est encore complètement intact. Sur le buffet de l’orgue, d’une beauté saisissante, le sculpteur anversois Jan Claudius de Cock a sculpté de nombreux instruments entre des anges espiègles, comme la lyre, le chalumeau, le cor, la trompette, un violon et un traversier. Et au sommet, un ange brandit la trompette.
Le sculpteur Artus II Quellinus y est également représenté. Les trois Vertus Divines de la Foi, de l’Espérance et de la Charité soutiennent la chaire grandeur nature, qui est également embellie par les représentations des quatre Pères de l’Eglise et des quatre Evangélistes. Le confessionnal (1668) est décoré de colonnes de Salomon, d’anges avec les instruments de la Passion et de festons.