L’église des jésuites à Anvers, une révélation.
Les travaux s’étendent dans toutes les directions
Pour réaliser ses plans, le Père Tirinus doit pouvoir disposer d’un énorme terrain. Les immeubles d’une rue entière (la Spuistraat) ainsi que beaucoup de maisons de la Sint-Katelijnevest (le Rempart Sainte-Catherine) et quelques-unes de la Wijngaardstraat (la rue du Vignoble) furent achetées. Ce vaste terrain se délimite de la façon suivante :
- au sud par la Korte Nieuwstraat (la courte rue Neuve)
- au nord par la Wijngaardstraat (la rue du Vignoble)
- à l’ouest par la nouvelle Sint-Pieter- en Paulusstraat (la rue St-Pierre et Paul) qui remplace la Spuistraat
- à l’est par la Sint-Katelijnevest (le rempart Sainte-Catherine), et à côté le canal du même nom.
Ces nouvelles acquisitions sont démolies, les deux canaux sont voûtés : l’Ankerrui qui traverse le terrain et le canal du Rempart Sainte-Catherine. Mais comment employer au mieux ce terrain déblayé ? Il faut entre autres tenir compte de
- l’aménagement du territoire : les grands terrains rectangulaires doivent être réservés à l’église et à son parvis.
- l’intégration de la superbe ‘Huis van Aken’, le seul bâtiment qui sera conservé.
- le but à atteindre sur le plan architectural urbain et l’emploi de l’espace. (voir plus loin).
- les besoins des pèresPrêtre qui est membre d’un ordre religieux. et les fonctions à réserver aux espaces.
Que cette église baroque soit orientée vers l’est comme le sont ses consœurs gothiques semble un hasard dû à la configuration du terrain. Le fait est que le style baroque, né dans les pays du sud inondés de soleil, ne se sent plus lié à la symbolique gothique de la lumière et l’obligatoire orientation vers l’est.
La ‘Huis van Aken’ forme le noyau de la construction ultérieure. Deux ailes dirigées vers l’ouest sont construites à partir de l’ancienne façade (de la Spuistraat disparue), dont une avec une élégante galerie ouverte. Elles bordent le grand préau et continuent vers une cour qui n’est pas entièrement clôturée. À l’est, les cuisines, le réfectoire et dans l’angle sud-est le plus éloigné, l’infirmerie avec un lazaret pour les malades souffrant d’affections infectieuses donnent sur un grand jardin de forme carrée.
Maintenant que l’ancienne façade de la ‘Huis van Aken’ est incluse, on désire que la nouvelle, en style baroque, donne sur la grand-place de l’église. Mais quel passant pourrait se douter un seul instant que derrière cette unique façade construite toute en longueur se cache un tel complexe d’anciens immeubles et de nouvelles ailes érigées autour de plusieurs préaux intérieurs ?
L’entrée monumentale est marquée par l’emblème IHS de l’Ordre. Les salons et les parloirs sont au rez-de-chaussée tandis que le premier étage abrite l’immense bibliothèque. Les chambres individuelles des Pères situées au premier étage, sont orientées vers le sud.
Entre-temps, (1622-23) les congrégations mariales prennent la responsabilité de faire construire, à l’ouest de la place, face à la nouvelle façade de l’église, une résidence de Sodalité, dotée de deux grandes chapellesUne petite église qui n’est pas une église paroissiale. Elle peut faire partie d’une entité plus grande, comme un hôpital, une école ou un lieu de culte, ou être autonome.
Une partie clôturée d’une église avec son propre autel.
rectangulaires, édifiées l’une au-dessus de l’autre. En fait, cette aile touche la façade de la maison professe. En tenant compte du même niveau des étages, des matériaux et de la décoration, elle s’intègre complètement dans l’ensemble.
L’église, la maison professe et les salles de la Sodalité forment trois ailes d’un plan architectural inséré autour d’une esplanade publique. Cet aménagement se retrouve entre autres au Palais de Versailles, au Palazzo Barberini de Rome et la Würzburger Residenz.
Et pourtant la façade centrale de la résidence n’attire pas tous les regards. C’est l’église malgré sa position décentrée qui lui vole la vedette grâce à sa façade d’une grande majesté. Une autre caractéristique du baroque apparaît ici. Pour se rendre au portail principal de l’église, nous ne pouvons y aller en droite ligne. En effet, à l’ouest de la place, le bâtiment de la sodalité flanqué de ses chapelles empêche un accès direct au portail : il n’y a ni rue, ni passage en face du porche. L’imposante façade se laisse surprendre dans une perspective en contre-plongée, à partir de la Wijngaardstraat ou en passant par la Jezuïetenrui, situées de chaque côté de la place. La travéeEspace situé entre deux supports (mur ou piliers) dans le sens longitudinal de la nef, du transept, du chœur ou d’un vaisseau. qui joint le bâtiment de la Sodalité à la maison professe forme un passage voûté en berceau qui donne sur la Jezuïetenrui. Aborder l’objectif par la tangente est une caractéristique du style baroque. Rome est riche de ces exemples d’urbanisation baroque où l’église domine la place. L’obélisque de la place St-Pierre (Gian Lorenzo Bernini, 1656-‘67) oblige de faire un slalom élégant pour se diriger vers le symbole de l’Église Catholique.
- Église Saint-Charles-Borromé
- Histoire & Description
- Introduction
- Le contexte historique
- L’esplanade et la résidence
- Les antécédents
- Le collège
- L’effet spatial
- Le nom des rues
- La maison professe
- Le bâtiment des sodalités
- La façade
- La tour
- L’intérieur
- Le maître-autel
- La chaire de vérité
- Les confessionnaux
- Les cycles des plafonds
- La chapelle Mariale
- La chapelle Saint-Ignace
- La chapelle St. François-Xavier
- Les galeries
- L’orgue
- La sacristie
- En sortant
- Épilogue
- Bibliographie