Anvers, Églises et Tourisme
Pastorale du Tourisme, Diocèse d’Anvers (TOPA vzw)

Eglise Saint-Jacques

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Ce lieu de prières regorge de richesses artistiques inégalées : la renaissance et le baroque y sont hautement représentés par pas moins de 24 autels. Presque tous sont ornés d’un tableau de maître. N’oublions pas les nombreuses sculptures d’un style baroque luxuriant : les bancs de communion, les épitaphes, ainsi que la chapelle mortuaire du grand maître P.P. Rubens font de cette église un joyau que chaque touriste, aimant les belles choses, sera ravi de visiter. La fin de la restauration est prévue d’ici 2027.

Anvers, comme beaucoup d’autres villes Européennes, se situe sur un des chemins qui mènent à Compostelle. Depuis 1415 notre ville possède un sanctuaire dédié à Saint-Jacques. La guilde de Saint-Jacques y ajoute en 1431 un hôtel-Dieu, situé en dehors des fortifications de la ville, pour accueillir des pèlerins. Ils venaient du nord de l’Europe et après un repos, se remettaient en route vers le tombeau de Saint-Jacques de Compostelle. À notre époque, des pèlerins viennent encore demander de bénir leur pèlerinage. Souvent ils reçoivent une coquille qu’ils pendent au cou. On retrouve ces attributs de voyage à la base de la tour et sur la maison formant le coin de la Longue rue Neuve (Lange Nieuwstraat), et partout dans l’église.

LEGENDE

A   Le chœur avec le maître-autel Saint-Jacques
B   La chapelle Mariale
C   La chapelle du Très Saint Sacrement
D   La chapelle de la Sainte Croix
E   Chapelle Saint-Christophe (Porteurs de tourbe)
F   Chapelle Sainte Dymphna (famille Rockox)
G   Chapelle Saint-Joseph et des Rois Mages (Scieurs de bois)
H   Chapelle du Doux Nom de Jésus (tombe de van Lantschot)
I    Chapelle Sainte-Gertrude (Âmes Croyantes)
J   Musée de l’horloge (depuis 1984) avec le Corridor des Dames adjacent
K   Le Baptistèrel
K2  (ancienne) Chapelle Saint-Georges (jusqu’en 1581?),
(ancien) Baptistère (jusqu’en 1804)
Panneaux Saint-Roch
L   Chapelle de la Présentation de Marie (Travailleurs de la soie) (jusqu’en 1797)
Chapelle Saint-Georges (depuis 1867)
M   Chapelle Saint-Antoine
N    Chapelle Saint-Roch
O    Chapelle Saint-Job (Musiciens)
P   Chapelle Sainte-Anne
Q   Chapelle Saint-Jean
R   Chapelle de la Sainte Trinité (Rachat des Esclaves Chrétiens)
R2    Trésorerie
S   Chapelle Saint-Yves (Docteurs en Droit)
T   Chapelle de la Résurrection (familles Vincque et Le Candèle)
U   Chapelle de Notre-Dame-des-Douleurs (chapelle funéraire de la famille Rubens)
V   Chapelle Saint-Charles Borromée (famille Carenna)
W  Chapelle Saints Pierre et Paul (famille Bollaert)
X   Chapelle de la Visitation (famille Lopez-Franco)
Y   Autel de la Croisée
Z   Chapelle des mariages

♦ En 1476, la chapelle est élevée au statut d’église paroissiale. Quinze ans plus tard, l’église est construite en style gothique brabançon. De solides piliers soutiennent le squelette typique du style gothique alors que les entrelacs des nombreux vitraux nous offrent une merveilleuse décoration. La stabilité et l’unité de style exigent que la partie Est soit encore et toujours construite en gothique alors que dans la première moitié du XVIIe siècle, le style baroque est à l’honneur. Même la chapelle mortuaire du tout grand maître baroque P.P. Rubens est de style gothique ( U).

 Poussés par un désir universel à construire toujours plus haut et plus grand, les bâtisseurs planifient l’édification d’une tour qui aurait dû éclipser celle de Notre-Dame. Malheureusement le rêve de 165m. de hauteur s’arrête brusquement : seul un tiers en sera réalisé. Et pourtant, depuis 500 ans, la tour de l’église Saint-Jacques triomphe par sa robustesse et elle fait partie du panorama de la ville en étant entrevue, inopinément de ci, delà, au détour d’une rue.

 En tant qu’église paroissiale – et suivant l’exemple de la plus grande église, Notre-Dame – elle abrite la chapelle de nombreuses guildes et corporations mineures : les porteurs de tourbe ( E)., les artisans de la soie (triptyque  L).et bien d’autres. Les musiciens, entourant le pauvre Job, nous montrent avec fierté leurs instruments à vent et à cordes ( O). Certains saints patrons servent de modèle professionnel : saint Yves ( S), plaidant en faveur des pauvres, est un bon exemple pour les avocatssaint Joseph l’est pour les menuisiers ( G),

Un grand nombre de confréries vivent leur dévotion dans leur propre chapelle. La confrérie de la sainte Trinité œuvre pour le rachat des esclaves chrétiens en Afrique du Nord ( R). Celle du Saint Sacrement ( C) et celle de Notre-Dame ( B), les plus importantes, qui occupent les plus grandes chapelles de l’église, sont encore en activité.

♦ ( ALe chœur achevé, un chapitre de chanoines est constitué en 1656. Grâce à ce collège, elle reçoit le statut d’église ‘collégiale’. Pour honorer Dieu, les chanoines se rassemblent dans les stalles pour prier et chanter les offices quotidiens. La flore et la faune sculptées dans la boiserie, soulignent hautement cette louange : une fantaisie débordante y frise l’incroyable. (Artus I et II Quellin, oncle et neveu, 1658-‘70). Mais toute l’attention va au maître-autel : triomphant, Saint Jacques y est glorifié d’une manière théâtrale (Artus II Quellin et Willem Kerrickx). Dieu trône sous un baldaquin (en imitation de marbre) qui prend la forme d’une énorme coquille Saint-Jacques ouverte. Isolant le chœur du reste de l’église, le jubé (Sébastien de Nève, XVIIe siècle) donne un caractère tout spécial à cette église. L’orgue qui s’y trouve, dû au facteur renommé Jean-Baptiste Forceville (1727), fonctionne toujours avec sa mécanique d’époque, accompagné d’anges musiciens (Michiel I Van der Voort).

 Un riche patrimoine d’art – Il ne reste pas grand-chose des œuvres d’art gothique et renaissance d’origine. En 1566 et en 1581, les iconoclastes, n’y sont pas allés de main morte, ils se sont chargés de les détruire. L’année 1585 met fin à l’occupation calviniste et l’église est rendue au culte catholique. Un retable avec La vie de saint Roch de 1517 a survécu à ces destructions (⇒ K2). La foi catholique fait un retour triomphant et elle enrichit le patrimoine artistique de chefs-d’œuvre baroques extraordinaires avec une abondance de différents marbres. L’église Saint-Jacques a gardé l’intégralité de tous ces trésors. Ce fait est plutôt exceptionnel. En effet, un prêtre, à l’époque de la Révolution française, s’abaisse à parjurer le roi et la Foi catholique et promet fidélité à la République avec comme la récompense à la clef : pouvoir disposer de l’église de son choix. Le trésor (⇒ R2) montre de ce fait une belle variété d’objets liturgiques, aussi bien de l’orfèvrerie que du textile. La destruction de la plupart des vitraux par des bombes volantes à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, constitue cependant une grande perte. La plupart remplacées dans les années 1960 par Oscar Calders sur base de projets de Louis-Charles Crespin. Il reste heureusement un rescapé : le plus ancien vitrail (ca. 1535) dans la chapelle Saint-Hubert ( ELa Dernière Cène.

 ( C) Dans la chapelle du très Saint-Sacrement la sculpture baroque atteint un sommet inégalé. Sur un panneau à gauche de l’autel (Lodewijk Willemssens et Petrus I Verbruggen, 1690) un enfant de cœur attire l’attention sur la consécration en sonnant un carillon et ensuite il y a le merveilleux banc de communion. (Willem Kerrickx et Hendrik Verbruggen, 1695). Les adorables angelots, sculptés dans le marbre, font office d’enfants de chœurs : ils portent le pain et le vin. Leur attitude est si naturelle, qu’on en oublie que c’est du marbre sculpté. Ils sont tout en adoration envers Celui qu’ils reconnais­sent comme étant l’Agneau de Dieu.
Le vitrail, un merveilleux travail de Jan Labaer (1626), nous raconte sur fond d’un superbe paysage de couleur verte, l’histoire de Rodolphe de Habsbourg qui donne sponta­né­ment son cheval à un prêtre chargé de porter la Sainte Communion à un mourant.

 ( BLa chapelle de la Sainte Vierge – Depuis 1664, la Vierge Marie est mise à l’honneur par Sebastiaan van den Eynde entre les colonnes torsadées de cet autel. Autrefois la Confrérie de la Mère Affligée s’épanouissait ici autour de la statue dévotionnelle de la Pietà (Artus II Quellinus, 1650). Depuis le XIXe siècle, Notre Dame, Secours des Chrétiens, trône sur l’autel. Les deux magnifiques vitraux montrent des moments plus heureux dans sa vie : l’Annonciation faite à Marie et la Visitation à Élisabeth, sa cousine (Jan de Labaer, 1629 et 1644). N’avez-vous jamais vu un cochon dans une église ? Cherchez-le aux cotés du Fils Prodigue qui est l’exemple même d’un pécheur repenti. Il attend les pénitents à l’entrée d’un confessionnal, situé dans la chapelle nord, dédiée à Marie.

 Saint-Jacques est riche en monuments funéraires car au XVIIe et au XVIIIsiècle de nombreux notables y sont paroissiens. Au XIXe siècle d’autres monuments viennent s’y ajouter.
( E) Qui ne compatit pas à la douleur d’Anne-Marie van den Berg qui fait ériger pour son jeune fils, postulant chartreux, un monument funéraire. Le jeune moine au crâne rasé se concentre pleinement en une adoration perpétuelle.
( H) Que penser de Monsieur Cornelis Lantschot qui croit s’acheter une bonne petite place au ciel grâce à ses nombreuses aumônes et à ses prières tapageuses.
( I) Avez-vous déjà vu un général d’armée, fin stratège, muni d’un arsenal terrifiant, plier les genoux devant un adversaire ?  Et pourtant, Don Francesco Marcos Del Pico marquis de Velasco, autrefois commandant de la citadelle, s’agenouille devant la grande Faucheuse, il n’est plus qu’un simple mortel comme chacun d’entre nous.

Au XVIIe siècle quelques grandes familles fortunées se sont fait construire une chapelle mortuaire privée.
( U) La plus renommée est celle de P.P. Rubens, construite en 1645, cinq ans après son décès, située à l’est, dans la chapelle Notre-Dame. Le tableau qui s’y trouve, La Vierge entourée de saints, est peint par Rubens lui-même mais il était destiné à un comman­ditaire qui pour une raison inconnue n’a pas pris livraison : dans les visages de la Vierge et des saints, il ne faut donc pas rechercher des portraits de membres sa famille, encore moins de l’artiste lui-même. Au décès de Rubens, un ecclésiastique témoigne : “Il est parti vers l’original de plusieurs des belles peintures qu’il a laissées derrière lui ».
( V) La famille Carenna se fait patronner par Saint Charles Borromée également originaire de Milan. L’artiste Jacques Jordaens le représente en patron des pestiférés.

La chaire de Vérité (Louis Willemssens, 1675) dont la cuve est portée par quatre statues de femmes allégoriques. La vertu de la Foi est assistée par la Vérité et la Théologie La Foi doit être transmise par l’Instruction ; la prédication en est un moyen. Caché partiellement par l’escalier, l’Enseignement nous présente un miroir (d’exemples illustres) accompagné d’un texte : “regardez et vous deviendrez plus sage”. La question qui nous est adressée est dès lors : ‘je m’inspire de quel exemple?’

♦ Et c’est depuis l’étage inférieur de la tour que l’orgue monumental d’Anneessens (1884) fait résonner ses notes dans l’église.

 En 1705, le pape Clemens XI honre le chapitre avec le totre honorifique de ‘célèbre’ : de là, encore de nos jour, qu’on se dit « célèbre collégiale ». À la fin du XIXe siècle, un visiteur allemand, sous l’influence de toute cette beauté et de toute cette splendeur, s’écrie “l’église Saint-Jacques est la plus riche des pays germaniques et elle mérite de se trouver à Venise”. Les Anversois chauvinistes, très heureux de cette déclaration, préfèrent, tout compte fait, garder leur Saint-Jacques chez eux.

Toerismepastoraal Antwerpen (TOPA)